Découvert bancaire : un privilège bientôt réservé aux riches ? Ce qui vous attend en 2026
C’est un petit changement qui pourrait avoir de très grandes conséquences. À partir du 20 novembre 2026, les découverts bancaires, ces avances de trésorerie souvent accordées automatiquement, entreront dans le cadre strict du crédit à la consommation. En clair : fini la tolérance implicite de votre banquier, place à un véritable prêt encadré, avec dossier, étude de solvabilité et justificatifs à la clé.
🧾 Une réforme passée (presque) inaperçue
Ce bouleversement découle d’une ordonnance adoptée en septembre 2025, qui transpose une directive européenne datant de 2023. Objectif : mieux encadrer les pratiques bancaires et protéger les consommateurs. Jusqu’ici, le découvert bancaire évoluait dans une sorte de zone grise, considéré comme un crédit… mais sans les mêmes obligations légales.
À partir de 2026, cela change complètement. Selon la Banque de France, les banques devront désormais fournir à leurs clients une information claire sur les coûts, le TAEG (taux annuel effectif global) et les conditions de remboursement. Le client devra signer une offre détaillée, comme pour n’importe quel crédit conso.
🧠 Solvabilité passée au crible
Autre révolution : avant d’accorder un découvert, la banque devra évaluer la solvabilité du client.
- En dessous de 200 euros, la procédure devrait rester légère.
- Mais au-delà, les établissements devront étudier les revenus, les charges, et même consulter le fichier des incidents de crédit.
« Il y aura moins d’autorisations faciles, naturelles, quasiment automatiques », résume Jérôme Lasserre Capdeville, maître de conférences à l’Université de Strasbourg. En clair : le découvert ne sera plus automatique. Il faudra le demander explicitement, et la banque pourra le refuser.
⚖️ Les ménages modestes en première ligne
C’est là que le bât blesse. Avec des critères d’endettement plus stricts, de nombreux Français risquent de ne plus y avoir accès.
Les conseillers appliquent souvent la règle des 30 % : les charges mensuelles (loyer, factures, crédits…) ne doivent pas dépasser 30 % du revenu net. Dans ce cadre, une personne gagnant 2 000 € nets pourrait difficilement obtenir un découvert de 500 €, car cela ferait bondir son taux d’endettement au-dessus du seuil autorisé.
Résultat : le découvert pourrait devenir un luxe réservé aux ménages aisés. Selon l’Observatoire des inégalités, un quart des salariés français gagnent moins de 1 750 € nets par mois. Pour beaucoup, cette réforme pourrait donc marquer la fin d’un précieux filet de sécurité financier en fin de mois.
🌀 Une mesure protectrice… mais risquée
Pour Pauline Dujardin, de la Fédération Crésus, la réforme est malgré tout « protectrice ». De nombreuses personnes vivent en effet en permanence à découvert, sans jamais réussir à revenir à un solde positif. Le nouveau cadre pourrait éviter cette spirale d’endettement, en forçant les banques à mieux évaluer les risques.
Mais à court terme, la transition risque d’être brutale. Certains établissements pourraient résilier des autorisations existantes, et les clients concernés devront rembourser leur découvert sur douze mensualités.
🏦 Un vrai casse-tête pour les banques
Côté banques, c’est un travail titanesque qui s’annonce. Formation des conseillers, refonte des procédures, adaptation des outils informatiques… « Les services juridiques commencent à peine à se pencher sur l’ordonnance », confie Jérôme Lasserre Capdeville.
Bref, d’ici novembre 2026, les banques ont un an pour revoir leur copie… et les Français, pour se préparer à dire adieu à leur découvert automatique.