Ils promettent des centaines d’euros de commission… et vous laissent avec -10 000 €
Gagner de l’argent facilement, sans effort, juste en encaissant un chèque ou en faisant un virement ? C’est la promesse qui pullule ces derniers mois sur TikTok, Instagram et même WhatsApp. Le piège est redoutable : derrière ces offres soi-disant alléchantes se cache l’arnaque à la mule bancaire, une fraude aussi vicieuse que coûteuse… et qui laisse les victimes avec des dettes colossales.
💸 C’est quoi une « mule bancaire » ?
Le terme vient du jargon criminel : une « mule », à l’origine, désigne une personne qui transporte de la drogue en échange d’une rétribution.
Dans le monde de la fraude financière, la logique est la même : la mule sert d’intermédiaire pour faire transiter de l’argent douteux.
Sur le papier, rien de compliqué :
- Un escroc vous envoie de l’argent par chèque.
- Vous encaissez la somme, puis vous en reversez une partie vers un compte tiers.
- En échange, vous gardez une commission de plusieurs centaines d’euros.
Problème : l’argent n’existe pas vraiment. Le chèque est sans provision ou frauduleux. Quand la banque s’en rend compte, quelques jours ou semaines plus tard, elle annule l’encaissement. Résultat : l’argent que vous avez déjà viré aux escrocs disparaît… et c’est vous qui vous retrouvez débiteur.
🎣 Comment les arnaqueurs piègent leurs victimes
Le scénario est bien rodé :
- Une annonce attrayante apparaît sur TikTok ou Instagram : « Recherche de particuliers pour aider des sociétés à payer moins d’impôts. Commission de 400 à 1 000 € à la clé. »
- En cliquant, la victime est redirigée vers un formulaire ou directement vers un numéro WhatsApp.
- La conversation démarre avec une personne qui se fait passer pour une entreprise ou un organisme financier. L’escroc explique vouloir éviter « trop de taxes » et cherche donc des particuliers pour réaliser des virements à sa place.
- Rapidement, la proposition tombe : « Je vous envoie 1 900 €, vous gardez 400 € et vous me renvoyez 1 500 €. »
- La victime encaisse un chèque ou voit son compte bancaire crédité. Tout semble normal : l’argent apparaît immédiatement. Mais il s’agit en fait d’une avance de la banque, en attendant la validation définitive du chèque.
- L’escroc transmet aussitôt un RIB. La victime envoie la somme demandée, pensant faire une bonne affaire.
- Une ou deux semaines plus tard : le chèque est rejeté. Le compte de la victime plonge dans le rouge de plusieurs milliers d’euros.
📉 Des drames financiers très concrets
Les témoignages sont édifiants. Certains racontent s’être retrouvés avec -13 000 € sur leur compte en quelques jours. Du côté des banques, difficile d’obtenir un remboursement : elles considèrent que le client a autorisé les virements. Conséquence : les victimes doivent rembourser une dette qu’elles n’ont jamais réellement contractée… tandis que les escrocs, eux, disparaissent dans la nature.
🚨 Pourquoi cette arnaque marche aussi bien ?
Trois éléments expliquent son efficacité :
- Le crédit immédiat des chèques : quand un chèque est déposé, la banque crédite le compte rapidement, mais ce n’est qu’une avance. L’encaissement définitif peut prendre plusieurs jours. Les fraudeurs profitent de ce laps de temps.
- La promesse d’argent facile : une commission de plusieurs centaines d’euros pour quelques clics… L’appât est irrésistible, surtout pour les jeunes en quête de revenus rapides.
- Les réseaux sociaux : TikTok et Instagram sont devenus les terrains de chasse privilégiés des escrocs. Les annonces sont mises en scène comme des bons plans, parfois avec des témoignages inventés pour rassurer la cible.
⚖️ Des risques légaux très lourds
Au-delà du risque financier, participer à ce type de montage est illégal. Même si vous êtes manipulé, vous pouvez être poursuivi pour complicité de blanchiment d’argent. Les sanctions prévues par la loi sont sévères : jusqu’à 5 ans de prison et 375 000 € d’amende. Autrement dit : au lieu de gagner 400 €, vous pouvez perdre votre épargne, votre casier vierge… et votre liberté.
🛡️ Comment repérer et éviter l’arnaque ?
Quelques signaux doivent immédiatement alerter :
- On vous propose de garder une commission en échange d’un virement.
- Le discours tourne autour d’impôts ou taxes à éviter.
- L’interlocuteur vous contacte via WhatsApp ou les réseaux sociaux.
- L’argent arrive par chèque et non par virement bancaire classique.
Nos conseils :
- Ne répondez jamais à ce type d’annonce.
- Ne virez pas d’argent si un chèque vient d’être encaissé : attendez la confirmation définitive de votre banque.
- En cas de doute, appelez directement votre conseiller.
- Si vous êtes déjà tombé dans le piège : prévenez immédiatement votre banque et déposez plainte.
🔍 Le chèque, terrain de jeu des fraudeurs
L’arnaque à la mule bancaire repose en grande partie sur la fragilité du chèque. Ce moyen de paiement est en déclin, mais il reste le plus touché par la fraude en France :
- En 2024, il représentait seulement 1,1 % des paiements, mais près de 23 % des montants fraudés.
- Près de 90 % des fraudes sont liées à des chéquiers volés lors de leur envoi postal.
Face au problème, la Banque de France pousse les banques à renforcer la sécurité :
- Fin des envois de chéquiers en courrier simple,
- Possibilité de suivre l’acheminement,
- Mise en opposition en ligne gratuite et rapide.
Mais en attendant, les arnaques continuent de prospérer. Et si un conseil simple devait rester en tête : si une offre paraît trop belle pour être vraie, c’est probablement une arnaque.