Banque de France
L'Autorité de Contrôle Prudentiel et de Régulation (Banque de France) s'inquiète de la faible rentabilité des banques en ligne.

L'ACPR se penche sur les banques en ligne

Mis à jour le
min de lecture

Dans un rapport publié le 10 octobre, l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Régulation (ACPR) s'inquiète de la faible rentabilité des banques en ligne et des néobanques. Ces établissements ont connu un franc succès commercial, mais il leur reste à lever plusieurs obstacles pour devenir rentables et par là s'établir dans la durée.

Un franc succès commercial

L’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Régulation (ACPR), le gendarme bancaire français affilié à la Banque de France, a interrogé 12 banques en ligne et néobanques pour réaliser une étude parue le 10 octobre. Les 12 acteurs sont classés en 4 générations, selon la date d’entrée sur le marché et le business model.

Principales banques en ligne et néobanques
Catégorie Etablissements
1ère génération Boursorama Banque, Fortuneo, ING Direct, Monabanq
2ème génération BforBank, Hello bank!
3ème génération Orange Bank, C-ZAm, Nickel, My French Bank
4ème génération N26, Revolut

Premier constat : ces établissements ont connu un franc succès commercial. Les banques en ligne totalisaient 4,4 millions de clients fin 2017. Un  chiffre qui ne représente certes que 6,5% des Français et 3,9% des comptes courants, mais l’ACPR remarque que 33,5% des conquêtes clients ont été réalisées par ces nouveaux acteurs en 2017. La croissance s’accélère. Les banques en ligne tablent sur 13,3 millions de clients en 2020, si l’on agrège tous leurs objectifs.

Signe que ce marché est perçu comme un enjeu stratégique par les banques traditionnelles, la plupart d’entre elles possèdent désormais un établissement en ligne (Boursorama Banque pour la Société Générale, Hello bank! pour la BNP Paribas, etc.). Le nombre de banques en ligne ne cesse de s’accroître (l’entrée sur le marché de My French Bank, la banque en ligne de La Banque Postale, est prévue en 2019). Les néobanques proposant un service entièrement centré sur une application mobile sont aussi de plus en plus nombreuses (N26, Revolut, et depuis 2018 Orange Bank).

Une faible rentabilité

Malgré la percée du nombre de clients, les banques en ligne ne sont pas encore rentables. “Sauf quelques rares exceptions, ces nouveaux acteurs ne sont pas parvenus à dégager des résultats positifs en 2017” indique l’ACPR. De fait, les banques en ligne affichent un produit net bancaire annuel (chiffre d’affaires) de 138€ par client en moyenne. S’il existe de fortes disparités d’un établissement à l’autre, force est de constater que les banques en ligne ne parviennent pas à générer un PNB/client comparable à celui des banques traditionnelles.

Quatre obstacles à franchir

Le rapport de l’ACPR identifie 4 facteurs qui pénalisent la rentabilité des banques en ligne.

  1. Le positionnement tarifaire: Si les banques en ligne séduisent leurs clients par leurs tarifs compétitifs, ce positionnement constitue aussi leur plus grande faiblesse : le nombre de clients à atteindre pour couvrir les coûts est d’autant plus élevé.
  2. Les coûts marketing importants: contraintes d'accroître leur clientèle et en difficulté pour fidéliser leurs clients, les banques en ligne engagent d’importantes dépenses publicitaires et effectuent de coûteuses opérations de bienvenue. Pour certaines d’entre elles, les primes de bienvenue représentent 24% du PNB. L’ACPR remarque que “pour ces nouveaux acteurs, l'enjeu sera de savoir s'ils pourront à terme réduire ces dépenses de marketing tout en conservant les clientèles acquises.”
  3. Des clients peu rentables: les banques en ligne attirent peu rentbales. Les jeunes représentent leur premier segment de clientèle. Or, leur profil est peu profitable pour les banques : revenus globalement plus faibles, opérations bancaires moins fréquentes (ordres de bourse, souscription d’un crédit…) En outre, seuls 23% des clients des banques en ligne y domicilient leurs revenus et les banques en ligne comptent 14% de comptes bancaires inactifs.
  4. La gamme de produits usités par les clients: ceux-ci se concentrent sur les comptes courants et quelques produits d’épargne. Moins de 10% d’entre eux ont fait appel au crédit (immobilier et consommation). Les produits du crédit sont pourtant un relais de croissance et de rentabilité essentiel pour les banques en ligne, et surtout un levier de fidélisation des clients.
Les banques en ligne sont-elles sûres ?La faible rentabilité des banques en ligne ne se traduit pas par un risque pour le client. Deux cautions majeures s’appliquent :
  • les banques en ligne émanent toutes de grands groupes bancaires, qui garantissent la solidité financière de celles-ci ;
  • les banques en ligne intégrent le dispositif du Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR), qui garantit l’indemnisation des clients jusqu’à 100 000 euros en cas de faillite de l’établissement ; c'est le mécanisme de garantie des dépôts.
Consultez notre guide détaillé : les banques en ligne sont-elles sûres ?

Partager cet article !