Bayrou veut supprimer 2 jours fériés : des milliards pour l’État… mais pour vous, ça change quoi ?
François Bayrou a frappé fort avec sa nouvelle proposition : supprimer deux jours fériés par an, citant le lundi de Pâques et le 8 mai comme exemples. Objectif affiché : faire travailler davantage les Français pour relancer la production et alléger la dette publique. Mais au-delà du coup d’éclat politique, que représentent vraiment ces deux jours de travail supplémentaires pour les finances publiques… et pour votre portefeuille ?
🔎 Dette abyssale : la solution est dans la production ?
Plus que jamais, la France est sous pression budgétaire :
- La dette publique s'élève à plus de 3 300 milliards d’euros, soit 114 % du PIB.
- Et le rythme est inquiétant : la dette augmente de 5 000 € chaque seconde, ce qui équivaut à plus de 150 milliards € de déficit par an.
Dans ce contexte, François Bayrou plaide pour un "réveil national " et mise sur un nouveau plan d'action, "En avant la production".
Il faut travailler plus, que toute la nation travaille plus pour produire et que la situation de la France s'en améliore.
La mesure n’est pas inédite : après la canicule de 2003, la France avait déjà créé une "journée de solidarité" transformée depuis en contribution de solidarité pour l’autonomie (CSA), qui rapporte encore aujourd’hui 3 milliards d’euros par an.
📌 Que propose François Bayrou ?
Concrètement, deux jours fériés disparaîtraient du calendrier, réduisant le total à 9 jours par an – un des plus faibles d’Europe (au même niveau que le Danemark ou encore les Pays-Bas). Les jours cités :
- Le lundi de Pâques
- Le 8 mai
L’argument : produire plus, "réconcilier les Français avec le travail " et lutter contre le "désenchantement" des salariés qui, selon Bayrou, pénalise déjà artisans, commerçants et industriels.
💰 Impact sur les finances publiques : des milliards, mais une goutte d’eau face à la dette
Combien ça rapporte concrètement ?
- Selon Bercy : + 0,1 à 0,2 % du PIB, soit 4 à 6 milliards € de richesse en plus par an.
- Selon l’INSEE : chaque jour férié coûte 1,5 milliard €, donc environ 3 milliards € pour deux jours.
- Selon le MEDEF : jusqu’à 1 % de PIB (30 milliards €)… mais l'estimation, peu reprise, est jugée très optimiste.
Traduction en recettes publiques
Avec un taux de prélèvements obligatoires d’environ 44 % du PIB, l’État et la Sécurité sociale pourraient récupérer 1,8 à 2,6 milliards € supplémentaires par an.
Mais face à la dette publique ? Le gain représente 0,06 % de la dette totale. Autrement dit : symbolique. Cela peut aider à réduire légèrement le déficit annuel, mais ne sauvera pas les finances publiques.
💸 Impact sur votre portefeuille : pas de miracle pour le pouvoir d’achat
Et pour les Français, ça change quoi concrètement ?
👉 Pour les salariés mensualisés (80 à 90 % des Français) :
- 0 € de plus sur la fiche de paie.
- Vous travaillerez simplement deux jours de plus pour le même salaire.
👉 Pour les salariés à la journée, intérimaires, extras ou indépendants :
- Qui dit deux jours travaillés en plus, dit aussi deux jours payés en plus.
- Pour une personne au SMIC, le gain est de 160 € bruts/an.
- Pour une personne au salaire médian (environ 100 €/jour), le gain est de 200 € bruts/an.
Et concernant le potentiel impact fiscal, si les 2 milliards d’euros supplémentaires allaient intégralement à la baisse de l’impôt sur le revenu :
- L'IR baisserait théoriquement de 2 à 3 %.
- Un foyer payant 2 000 € d’impôt/an économiserait au maximum 40 à 60 € par an… soit un bon restaurant.
Et pour les employeurs ?
Derrière l’argument du "cadeau" à la production, certains craignent en réalité un effet boomerang : plus de jours travaillés pourraient aussi s’accompagner d’une hausse des cotisations ou d’une contribution dédiée, comme après la canicule de 2003 avec la CSA. Bref, pas sûr que les entreprises y gagnent autant qu’annoncé.
Qui gagne vraiment ? | Combien ? |
---|---|
État et Sécurité sociale | + 1,8 à 2,6 milliards €/an |
Dette publique | 0,06 % de la dette totale |
Salariés mensualisés | 0 € |
Intérimaires / indépendants | + 150 à 200 € bruts/an |
Chaque Français (si baisse d’impôts) | environ 30 €/an |
En clair, le vrai bénéficiaire reste l’État. Pour les Français, l’impact sur le pouvoir d’achat est quasi nul, sauf pour ceux qui sont payés à la journée. La question reste ouverte : le jeu en vaut-il vraiment la chandelle, au regard du symbole culturel et social des jours fériés ?