Taux en chute, retraits records en 15 ans… Serait-ce la fin du Livret A ?
C’est une première depuis 2009 : en avril 2025, le Livret A a connu une décollecte nette de 200 millions d’euros. Autrement dit, les Français ont retiré bien plus d’argent qu’ils n’en ont déposé. En cause ? Une chute du taux de rémunération, combinée à un regain d’intérêt pour d’autres produits comme l’assurance vie.
Le chiffre est symbolique, et il en dit long sur le moral des épargnants. En avril dernier, le Livret A a enregistré une décollecte nette de 200 millions d’euros, selon les données publiées par la Caisse des dépôts ce jeudi 22 mai. Ce solde négatif entre dépôts et retraits n’avait pas été aussi mauvais depuis avril 2009, date de l’ouverture de la distribution du Livret A à toutes les banques. Même en avril 2015, en pleine période de taux bas, la décollecte n’avait atteint que 100 millions d’euros.
Et le Livret A n’est pas le seul à avoir souffert. Le Livret d’épargne populaire (LEP), réservé aux foyers modestes, affiche une décollecte encore plus impressionnante : 1,96 milliard d’euros. Une situation inédite, qui met en lumière une tendance plus large : les Français désinvestissent leurs produits d’épargne réglementée, après des mois de taux dopés par l’inflation.
Un livret boudé par les Français
Comment expliquer ce désamour soudain ? Tout commence par une annonce tombée mi-janvier : le taux du Livret A est passé de 3 % à 2,4 % au 1er février 2025. Une baisse logique, au vu du recul de l’inflation, mais qui a refroidi les épargnants.
Et ce n’est peut-être qu’un début. Selon les premières estimations des économistes, le taux du Livret A pourrait bien tomber à 1,7 %, voire 1,6 % au 1er août prochain. De quoi dissuader bon nombre de ménages de continuer à y placer leur argent.
D’autant que dans le même temps, l’assurance vie reprend des couleurs. D’après France Assureurs, les cotisations en assurance vie ont progressé de 1,9 milliard d’euros au premier trimestre 2025, par rapport à l’an dernier. Un rebond qui peut s'expliquer en partie par la recherche de rendements plus attractifs.
De nouvelles habitudes d'épargne… mais attention au revers de la médaille
Face à cette désaffection pour le Livret A, l’assurance vie semble tirer son épingle du jeu. En particulier les contrats en fonds euros, dont le capital est garanti. En 2024, ces fonds affichaient un rendement moyen de 2,6 %, supérieur à celui du Livret A… et bien supérieur à ce qu’il sera probablement cet été.
Mais tout n’est pas aussi simple. Car le rendement de l’assurance vie est brut de fiscalité, contrairement au Livret A dont les intérêts sont totalement exonérés d’impôt et de prélèvements sociaux. Résultat : après application de la flat tax (PFU) de 30 %, le rendement net tombe autour de 1,82 %, à peine au-dessus des prévisions pour le Livret A à l’été 2025.
Sans oublier que les supports qui rapportent le plus en assurance vie sont les unités de compte (UC), mais ces derniers comportent un risque de perte en capital. Ils ne conviennent pas à tous les profils, et surtout pas aux épargnants prudents qui cherchent à sécuriser leur épargne.
L’assurance vie, une vraie alternative ?
La baisse du taux du Livret A agit comme un électrochoc. Les épargnants, longtemps habitués à des taux boostés par l’inflation, doivent désormais repenser leur stratégie. Faut-il tout miser sur l’assurance vie ? Pas forcément. Si elle peut être un complément intéressant, elle ne remplace pas le Livret A.
Les objectifs des deux produits sont fondamentalement différents. Le Livret A est une épargne de précaution, utile en cas de coup dur ou de dépense imprévue. Disponible à tout moment, il s’impose sans frais ni fiscalité. L’assurance vie, elle, est plutôt pensée comme un outil d’investissement au long terme (achat immobilier, transmission, retraite…).
L’idéal reste peut-être de combiner les deux : une base d’épargne de précaution sécurisée et disponible, et des placements à long terme un peu plus rémunérateurs. Le tout, en fonction de son profil, de ses projets… et de sa tolérance au risque.