Chute du taux du Livret A : à quoi s’attendre au 1er août 2025 ?
Le 1er août 2025 marquera-t-il un nouveau coup dur pour les épargnants français ? Tous les indicateurs semblent converger vers une nouvelle baisse du taux du Livret A. En cause : une inflation en berne et une politique monétaire plus souple. Résultat : une rémunération qui pourrait passer de 2,4 % à 1,7 %, voire moins.
L’information n’est pas encore officielle, mais les données économiques ne laissent guère de doute. Selon les derniers calculs, le taux du Livret A devrait tomber à 1,70 % cet été, contre 2,40 % actuellement. Une baisse qui s’explique principalement par la fonte de l’inflation : d'après les statistiques provisoires publiées par l'Insee ce mardi 27 mai, elle serait passée de 1,6 % en janvier à seulement 0,7 % en mai. Et elle tire mécaniquement vers le bas le taux de rémunération du livret, dont la formule de calcul repose pour moitié sur la moyenne de l’inflation semestrielle.
Autre facteur : la baisse des taux de la Banque centrale européenne, qui fait refluer l’€STR, l’indice interbancaire de référence. Selon les projections, la moyenne semestrielle de l’€STR se situera autour de 2,5 %. Avec une inflation moyenne estimée entre 0,87 et 0,93 %, le calcul donne une rémunération du Livret A comprise entre 1,50 % et 1,70 %.
Un produit de moins en moins rentable… et de plus en plus déserté
La baisse du taux du Livret A n’est pas sans conséquences. Déjà, les premiers signes de désaffection se font sentir. Les retraits s'accumulent depuis le début de l’année : les épargnants anticipent la baisse et transfèrent leur argent vers des placements plus intéressants, comme l’assurance vie ou les comptes à terme.
Un Livret A rempli au plafond (22 950 €) rapporterait environ 390 € par an avec un taux à 1,70 %, contre 551 € actuellement. Une perte nette de plus de 160 €, soit l’équivalent d’un mois de courses pour une personne. Pas étonnant, dès lors, que 6 Français sur 10 déclarent qu’ils pourraient ne plus alimenter leur livret, voire le clôturer purement et simplement si le taux descendait sous 1,75 %, selon un rapport parlementaire publié récemment.
Un Livret A à 1,5 %, un LEP à 2,5 %… et bientôt une fusion des deux ?
Si le taux du Livret A passe bien à 1,5 % ou 1,7 %, le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS), qui suit exactement le même taux, subira le même sort. Même chose pour le Compte épargne logement (CEL), qui verrait son taux tomber à 1,25 % brut, soit 0,88 % net après flat tax.
Le Livret d’épargne populaire (LEP), lui, pourrait faire figure d’exception. Sa formule de calcul impose un taux supérieur de 0,5 point à celui du Livret A. Mais comme souvent, l’État pourrait s’affranchir de cette règle pour éviter de trop pénaliser les ménages modestes. Les économistes comme Philippe Crevel estiment qu’un taux de 2,5 % pour le LEP est le scénario le plus probable, malgré la baisse de l’inflation.
Cette politique volontariste n’est pas anodine. Le gouvernement pousse depuis plusieurs mois les Français éligibles à ouvrir un LEP. Seuls 12 millions de foyers en détiennent un, alors que 19 millions y auraient droit. Et pourtant, la collecte nette du LEP est dans le rouge depuis janvier : -1,37 milliard d’euros.
Face à la complexité croissante des livrets réglementés, un rapport parlementaire récent propose une fusion entre le Livret A et le LEP. Objectif : créer un produit unique, plus simple, avec une rémunération modulée selon les revenus. Une piste encore au stade de la réflexion, mais qui pourrait gagner en crédibilité à mesure que le Livret A perd de son intérêt.