3 ou 4 opérateurs télécoms : comment ça se passe chez nos voisins européens ?
Alors que la 5G arrive et que la mise en place de ses infrastructures devient une priorité dans le monde des télécommunications, les opérateurs français débattent toujours sur une éventuelle consolidation. Chez leurs voisins européens, la majorité est désormais plus favorable à une conjoncture à quatre opérateurs. Et voici pourquoi.
L'Allemagne souhaite revenir à quatre opérateurs
Jusqu'en 2014, quatre opérateurs coexistaient sur le territoire allemand : Deutsche Telekom, Vodafone, Telefonica et E-Plus avant que Telefonica ne rachète ce dernier pour la modique somme de 8,6 milliards d'euros au mois de juillet de la même année. Un choix, qui jusqu'à il y a quelques mois semblait satisfaire les Allemands et l'Agence fédérale des réseaux (Bundesnetzagentur), l'équivalent de notre Arcep (L'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes). Or, l'Office fédéral des cartels (OFC), similaire à l'Autorité de la concurrence en France, a récemment déclaré vouloir le retour d'un quatrième opérateur sur le marché allemand. Andreas Mundt, le président de l'OFC, a d'ailleurs précisé dans ce contexte ceci :
La concurrence est le principal moteur des services innovants pour soutenir la numérisation de l'économie. Ce n’est que dans un environnement concurrentiel que les consommateurs sont assurés de disposer de produits attractifs à des prix raisonnables.
Reste à savoir qui pourrait venir rejoindre les trois acteurs allemands actuels.
D'autres Etats de l'UE gardent ou adopteront bientôt une conjoncture à quatre opérateurs

- Pour l'Italie, le maintien à quatre opérateurs reste une obligation demandée par la Commission européenne. Wind, Tre, Vodafone et Telecom Italia étaient les quatre opérateurs à l'origine dans le pays. La fusion entre Wind et Tre n'a pu être réalisée que grâce à l'arrivée de Free en mai 2018 comme quatrième opérateur national. Elle a ainsi engendré la souscription d'un million de clients en deux mois.
- En Belgique, la venue d'un quatrième opérateur est fortement envisagée et Free semble être le candidat le plus crédible en lice pour rejoindre Proximus, Telenet et Orange. Une nouvelle qui ne ravie pas du tout ces derniers. Proximus, d'après l'Echo de Belgique, a en effet affirmé qu'un quatrième acteur provoquerait la "distorsion du marché qui entraînerait à son tour un ralentissement des investissements en infrastructure et en innovation et qui aurait inévitablement un impact sur l’emploi". Pour Telenet, c'est le consommateur qui risque d'en payer les conséquences, estimant que "la grande qualité des réseaux belges pourrait être détériorée". C'est donc entre les opérateurs belges, l'IPBT (Institut belge des services postaux et des télécommunications) et l'ORECE, le régulateur des télécoms européen, que tout devra se jouer dans les prochains mois.
- Chez les Espagnols, la conjoncture se prête toujours à quatre opérateurs depuis l'arrivée d'Orange en Espagne et son rachat de Jazztel en 2015. La société française de télécommunications est désormais devenue le deuxième opérateur après Vodafone, suivi de Movistar (Filiale de Telefonica) et Yoigo. Pour l'instant, la consolidation n'est pas évoquée, il s'agit surtout de maintenir les performances économiques de l'après crise de 2008 qui ont profondément affaibli l'Espagne.
Dans la majorité des pays Européens, seuls trois opérateurs cohabitent. C’est le cas de la Finlande, de l’Autriche, de la République Tchèque, du Portugal, de l’Irlande, de la Grèce etc. Mais dans les pays qui pèsent le plus dans les décisions de l’UE, un partage des télécommunications entre quatre opérateurs semblent plus favorable. Vous pouvez le voir sur cette carte interactive :
Le Royaume-Uni plutôt favorable à une consolidation
Jusqu'ici nous avons vu des Etats plutôt détournés d'une consolidation, or le Royaume-Uni en plein Brexit pense qu'une fusion entre deux de ses opérateurs pourrait être une solution, selon le Financial Times. En effet, le pays souhaite investir massivement dans la 5G et le gouvernement estime qu'un rapprochement entre deux de ses opérateurs faciliterait ces financements.
Les quatre opérateurs anglais : BT, O2, Three et Vodafone pourraient ainsi passer à trois. Difficile en revanche de savoir qui reprendra qui car en 2016, un projet de fusion entre O2 et Three n'avait finalement pas vu le jour, il fut déconseillé conjointement par le régulateur britannique des télécoms (Ofcom) ainsi que la Commission européenne.
Projet de consolidation en France : les dernières nouvelles
Pour le moment, aucune consolidation n'a eu lieu. Les rumeurs se multiplient à l'égard des différents opérateurs français concernés, autrement dit SFR, Orange, Bouygues Telecom et Free. Et si Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, a changé de position en août dernier sur un éventuel rapprochement, il a rappelé dans une interview de la Tribune, le 14 septembre dernier qu'il ne serait en aucun cas l'instigateur d'un tel projet.

Il a d'ailleurs montré son désaccord à l'encontre des propos de Stéphane Richard, le PDG d'Orange, qui avait déclaré en juillet dernier qu'une consolidation serait inévitable sur le long terme. Mais alors en quoi la position du président de l'Arcep s'est-elle adoucie vis-à-vis de la consolidation ? Il explique qu'il ne peut plus s'opposer à cette consolidation compte tenu des résultats positifs des opérateurs en termes d'investissements ces trois dernières années, notamment dans le développement de la fibre et de la 4G. Ceux-ci ont en effet augmenté de 37%.
Par principe, Sébastien Soriano jouerait donc son rôle de régulateur si une fusion devait avoir lieu, pas plus. L'hypothèse la plus probable selon les estimations des spécialistes serait le rachat de SFR par Bouygues Telecom, évoquée à de nombreuses reprises ces derniers mois. Les autres projets, pour certains tentés puis avortés semblent peu probables. L'Arcep a également précisé qu'elle souhaitait éviter un renforcement d'Orange dans cette histoire, qui aurait des conséquences néfastes pour la concurrence. Les yeux vont se tourner dès à présent vers la 5G, pleine de promesses pour l'avenir des nouvelles technologies.