Livret A trop intéressant ? L’État veut abaisser le plafond et taxer les Français au-delà de ce montant

Livret A trop intéressant ? L’État veut abaisser le plafond et taxer les Français au-delà de ce montant

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Le Livret A pourrait bientôt perdre en partie son statut d’“intouchable”. Dans un rapport publié ce lundi, le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), un organisme rattaché à la Cour des comptes, propose une refonte majeure : abaisser le plafond du Livret A à 19 125 € et soumettre à l’impôt tous les dépôts dépassant ce montant. Une petite révolution pour un produit détenu par 58 millions de Français (soit 83 % de la population) et considéré depuis toujours comme l’épargne de précaution par excellence : défiscalisée, liquide et sans risque.

🔻 Pourquoi vouloir toucher au Livret A maintenant ?

Selon le CPO, le Livret A - tout comme le LDDS - n’est plus seulement un outil pour se constituer une épargne de sécurité. Il est devenu un produit de placement, notamment pour les ménages aisés qui peuvent cumuler plusieurs livrets au sein d’un même foyer.

Le rapport illustre d’ailleurs ce phénomène : un couple avec trois enfants peut cumuler jusqu’à 143 550 € sur différents livrets réglementés.

Pour le CPO, on s’éloigne ici de la logique d’épargne “pour les coups durs”.

Autre argument : l’exonération fiscale des livrets réglementés représente un manque à gagner de 5,6 milliards d’euros en 2025 pour les finances publiques.

🔷 Un plafond abaissé à 19 125 €… et une fiscalité au-delà

La recommandation centrale du CPO est simple :

Et surtout :

  • taxer les dépôts excédentaires suivant l’imposition de droit commun (flat tax ou impôt sur le revenu).

Aujourd’hui, les intérêts générés peuvent dépasser le plafond sans conséquence : ils restent exonérés. Demain, si cette réforme voyait le jour, ce ne serait plus le cas.

En parallèle, le CPO propose de rehausser le plafond du LDDS de 12 000 € à 19 125 €, mais avec la même fiscalité punitive au-delà.

Selon les estimations de la Direction générale du Trésor :

  • Cette harmonisation des plafonds couplée à la fiscalisation générerait 150 millions d’euros,
  • Une simple fiscalisation au-delà des plafonds actuels rapporterait 80 millions d’euros.

Des montants modestes… mais largement susceptibles de changer le comportement des épargnants.

❤️ Les Français se détournent déjà du Livret A

Même sans réforme, la rupture est visible :

Pour Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, cette décollecte marque “une rupture pour le Livret A”.

En parallèle, les Français n’ont jamais autant épargné :

  • Taux d’épargne : 18,7 % du revenu disponible au 2e trimestre 2025, un niveau historique.
  • Assurance vie : 14,9 milliards d’euros de dépôts en septembre, un record.

Les fonds euros, attendus autour de 2,6 % en 2025, redeviennent attractifs.

Le message est clair : les Français continuent d’épargner massivement… mais le font ailleurs.

⏱️ Ce que ça changerait pour les épargnants

Si ces recommandations étaient suivies, les impacts seraient directs :

  • Pour les détenteurs d’un Livret A plein : tout dépassement pourrait devenir imposable.
  • Pour les épargnants multi-livrets : la stratégie d’accumulation sur les livrets réglementés deviendrait moins rentable.
  • Pour ceux cherchant un rendement : l’assurance vie resterait l’alternative naturelle.

Le CPO insiste toutefois sur un point : l’exonération fiscale doit rester pour garantir une épargne de précaution “de premier niveau”. C’est l’usage “placement” qui est visé, pas la protection financière de base.

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