Création d'un vaste groupe financier La Poste - CNP Assurances

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La Poste étant en danger à cause de la diminution du courrier, l'État a décidé de transférer son contrôle à la Caisse des Dépôts et Consignations en s'appuyant sur la loi Pacte, lui permettant ainsi d'absorber CNP Assurances, le numéro un de l'assurances de personnes en France.

Le détail du projet a été présenté publiquement le 30 août par Bruno Le Maire, le ministre de l'économie, à la suite de sa rencontre avec le directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), Éric Lombard, et le PDG du groupe La Poste, Philippe Wahl.

La concrétisation de cette opération découle de très longues négociations car La Poste a déjà échoué par deux fois, en 2014 et en 2016, dans son projet de monter au capital de la CNP à cause du refus de la Caisse des Dépôts et Consignations. Cependant, elle restait convaincue du bien fondé de son projet de créer un bancassureur intégré.

Nommé en décembre 2017 à la tête de la Caisse des Dépôts et Consignations, Éric Lombard fut chargé par Bruno Le Maire de "réorganiser et renforcer les synergies des activités de banque et d’assurance de la CDC et de La Poste". Pour La Poste, cette opération lui permettra de vendre des produits d'assurance et de maintenir un réseau physique de bureaux de poste.

CNP Assurances / La Poste : les étapes d'une opération complexe

La première étape consiste à déposer un amendement au projet de loi Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises (Pacte) pour rendre majoritaire la Caisse des Dépôts et Consignations au capital de La Poste. L'amendement bientôt examiné par le parlement propose de désengager l'État de La Poste - conservant néanmoins une minorité de blocage donc un minimum de 34% - et de transférer le capital vers la Caisse des Dépôts et Consignations qui, jusque-là, détenait 26% de groupe.

CNP Assurances La Poste

Bruno Le Maire a insisté sur le fait que La Poste ne serait pas privatisée mais resterait bien un établissement public rentable et dynamique.

La deuxième étape aura lieu à la fin 2019, lorsque l'Autorité des marchés financiers aura autorisé cet échange d'actifs. La Caisse des Dépôts et Consignations étant actionnaire à hauteur de 41% de la CNP, elle apportera cette participation à La Banque Postale et prendra le contrôle de La Poste.

La Poste et la Caisse des Dépôts et Consignations vont déposer une demande de dérogation auprès de l'Autorité des marchés financiers lorsque la loi Pacte sera votée. Cela permettra de considérer que le rapprochement entre La Banque Postale et la CNP comme un reclassement de participations au sein de la Caisse des Dépôts et Consignations et évitera le déclenchement d'une OPA du groupe postal sur la CNP dont le coût dépasserait les 6 milliards d'euros.

CNP Assurances en quelques mots

CNP Assurances a été créée en 1959. Elle est aujourd'hui une compagnie d'assurance de personnes, leader dans le secteur de l'assurance emprunteur et de l'assurance-vie en France. EN 2016, CNP Assurances a généré 31,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Dans son actualité récente, il faut noter le lancement d'une couverture santé à la demande avec Amétis ainsi que d'une offre de garantie loyer impayé pour les locataire en contrat précaire.

La continuité du service public

Le pôle financier public, grâce à ses bureaux de poste - notamment dans les zones rurales désertées par les assureurs et les banques privées - pourra assurer des missions de bancassurance avec une évolution permanente de son offre, ce qui est impossible avec un simple partenariat.

Le projet éveille cependant des soupçons quant à la continuité des missions de service public. A la Caisse des Dépôts et Consignations, on s'interroge sur la poursuite des missions d'intérêt général de La Poste lorsque la CDC sera l'actionnaire de contrôle, ainsi que sur la nomination des manageurs par l'État.

L'Agence des participations de l'État qui n'entretient pas toujours de bonnes relations avec la Caisse des Dépôts et Consignations voit d'un mauvais œil la perte de son pouvoir sur La Poste au profit de la CDC. L'État assure de son côté qu'il conservera intact son pouvoir de nommer par décret le patron de La Poste.

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