RGPD : une menace pour l'innovation européenne ?
Alors que se tenait le CES de Paris début d’octobre 2018, l’organisateur du Consumer Electronic Show de Las Vegas en a profité pour s’exprimer au sujet de la nouvelle réglementation européenne des données. Un point de vue qui, même s’il ne fait pas l’unanimité, interroge sur la future santé des jeunes entreprises françaises.
Innovation : que change le RGPD pour les start-ups ?

Si les start-ups se portent bien en France, à l’instar de Thalatoo, Konyks, Homido ou Netatmo, une question demeure : les petites start-ups peuvent-elles s’imposer face aux géants de la maison connectée ? Cependant, outre la question de la concurrence et de l’hégémonie des géants de l’innovation, une réglementation récente vient aussi questionner l’avenir des jeunes entreprises.
Le règlement européen sur la protection des données – ou RGPD – adopté en mai 2018 par l’Union européenne pourrait être à double tranchant. L’Américain Gary Shapiro, organisateur du Consumer electronics show de Las Vegas, relayé par l’AFP, affirme que cette réglementation « va brider considérablement la capacité d’innovation européenne ». Alors que pour la sixième année, le CES tenait le 3 octobre 2018 sa convention de start-ups à Paris, organisée en marge du Mondial de l’Auto, les questionnements étaient nombreux.
Protection des données et innovation technologique : des antagonistes ?
Concrètement, que menacerait le règlement européen sur la protection des données ? Selon Gary Shapiro, ces mesures pourraient ralentir l’innovation en Europe et lui faire « perdre du terrain sur la Chine et sans doute aussi sur les États-Unis ». Cela signifierait-il que protection des données et développement technologique sont antagonistes ? Cette affirmation semble à contre-courant des considérations européennes, alors que, paradoxalement, l’Europe semble à la traîne en matière de cybersécurité.
La France a beaucoup d’entrepreneurs, mais elle va rater beaucoup des futures vagues technologiques, parce que l’Union européenne avec le RGPD est extraordinairement concentrée sur la défense de la vie privée des individus. Or la donnée c’est la nouvelle richesse, on a besoin de la donnée partout maintenant. On ne devrait pas avoir le droit de garder toutes ses données privées., a expliqué Gary Shapiro à l’AFP.
La récente réglementation européenne a pourtant été saluée majoritairement. Cette protection des données imposée contraste avec la situation étasunienne. Alors que les failles sécuritaires se multiplient chez des géants tels que Facebook ou Google, lequel subissait une panne à l’échelle mondiale il y a encore peu de temps, la sécurisation semble pourtant être un impératif. N’est-il pas prioritaire de garantir aux utilisatrices et utilisateurs la protection de leurs données, confiées aux entreprises publiques ou privées ?
Du côté de la Chine, le gouvernement va même jusqu’à utiliser la collecte de données pour évaluer sa population. En France, selon une étude de l’institut Sociovision datant de juin 2018, 72 % des personnes sondées ont peur de l’espionnage. Si les Françaises et les Français n’ont pas franchement peur de la maison connectée, ils restent très méfiants.