Bagages à main : bientôt la fin du racket pour 7 compagnies low-cost ?
Une tempête juridique se lève contre les compagnies aériennes low-cost. Plusieurs associations européennes de défense des consommateurs demandent à Bruxelles de mettre fin aux frais injustifiés facturés pour les bagages à main. 7 compagnies bien connues du grand public sont visées par cette dénonciation de pratiques jugées litigieuses.
Ce scénario vous est sans doute familier : c’est vendredi soir, vous partez en week-end sur un coup de tête grâce à un vol « bon plan » trouvé la semaine dernière. À l’aéroport, vous jubilez. Tout se passe à merveille… jusqu’au passage des portiques. Votre gorge se serre, votre cœur s’emballe.
Face à vous, le redoutable coffre en métal. C’est lui qui décidera si vous avez vraiment fait l’affaire du siècle… ou si vous venez de vous faire avoir. Comme un coup de tonnerre, le moment redouté arrive : l’agent vous demande de tester votre bagage cabine. Vous repensez aussitôt à vos choix : deux caleçons auraient suffi, ce pull n’était pas nécessaire – il ne fait jamais froid à Palerme.
Mais trop tard, le mal est fait… À vouloir jouer avec les limites, vous le payez : votre bagage est trop grand. L’addition tombe : 50 €. Adieu le resto à Palerme, adieu les bières en terrasse… Le rêve s’effondre. Un scénario vécu par beaucoup. Bonne nouvelle : cette mésaventure pourrait bientôt n’être plus qu’un mauvais souvenir.
Le bagage à main : un jackpot à 10 milliards d’euros pour les compagnies low-cost
Depuis plusieurs années, les bagages à main, autrefois considérés comme un élément fondamental du billet d’avion, sont devenus une véritable manne financière pour les compagnies low-cost. Si le prix des billets semble imbattable à première vue, l’addition grimpe vite dès lors qu'on ajoute les frais annexes. Et parmi ceux-ci, les frais liés au bagage cabine occupent une place de choix.
En 2024, ces frais ont généré à eux seuls plus de 10 milliards d’euros de revenus pour les sept principales compagnies low-cost européennes. Ryanair, leader incontesté de ce modèle économique, a encaissé à elle seule 3,5 milliards d’euros sur cette ligne tarifaire, en facturant 156 millions de bagages cabine.
16 associations de consommateurs saisissent Bruxelles
Face à cette situation, 16 associations de consommateurs issues de toute l’Europe, dont 2 françaises, ont décidé de passer à l’offensive. Ce mercredi 21 mai, elles ont saisi la Commission européenne et les autorités nationales de protection des consommateurs pour exiger l’ouverture d’une enquête à l’échelle de l’Union européenne.
Leur objectif ? Mettre fin à des pratiques qu’elles jugent abusives, voire illégales, de la part de sept compagnies aériennes : Ryanair, EasyJet, Transavia, Norwegian, Vueling, Volotea et Wizzair. Toutes sont accusées de facturer des frais injustifiés pour des bagages à main pourtant de taille raisonnable, en contradiction directe avec la jurisprudence européenne.
Les associations soulignent également le manque d’uniformité dans les politiques de ces compagnies sur les dimensions, les seuils de poids et les frais en cas de dépassement. Par exemple, Ryanair applique des frais pouvant aller jusqu’à 36 € pour un bagage cabine, EasyJet jusqu’à 43 €, et Vueling peut même réclamer jusqu’à 280 € si le bagage dépasse les dimensions fixées... Dimensions qui varient considérablement d’une compagnie à l’autre.
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Un vent d'espoir grâce à la CJUE
La facturation des bagages cabine n’est pourtant pas un angle mort juridique. Dès 2014, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) avait statué sur le sujet : « Le transport de bagages à main ne peut pas être soumis à un supplément de prix, à condition qu’il réponde à des exigences raisonnables en termes de poids et de dimensions et qu’il soit conforme aux exigences de sécurité applicables ».
C’est justement en Espagne qu’une décision de justice récente pourrait bien faire basculer la donne. Un passager ayant voyagé à cinq reprises avec Ryanair entre 2019 et 2024 a contesté les frais de bagages cabine qui lui avaient été imposés, bien que ses valises respectaient les dimensions standards. Il réclamait le remboursement d’environ 150 €, somme que la compagnie refusait de restituer.
Le tribunal de Salamanque lui a donné raison. Le juge a estimé que les frais appliqués étaient illégaux, en cohérence avec la jurisprudence européenne. Ryanair a donc été condamnée à rembourser le passager, une décision qui pourrait désormais servir de jurisprudence dans le cas d’autres litiges.
Une simple histoire de remboursement… qui pourrait bien faire vaciller tout un business model. Si d'autres jugements similaires venaient à se multiplier, c’est un flux de revenus considérable qui pourrait être remis en cause. Et si ce litige annonçait la fin des valises surtaxées ? Affaire à suivre.