La 5G est-elle dangereuse ?
« Je sais que je ne sais rien. » L’on pourrait voler cette phrase à Socrate pour commenter les premiers retours concernant les potentiels effets de la 5G sur la santé publique et l’environnement. Alors que son déploiement est prévu pour la fin d’année 2020 en France, le rapport préliminaire de l’Anses fait état d’un manque cruel d’informations pour procéder à l’évaluation réelle des risques.
- En bref : Dangerosité de la 5G : que dit le rapport préliminaire de l’Anses ?
- La 5G sera déployée en France fin 2020 ;
- Le rapport préliminaire de l’Anses concernant les effets potentiellement néfastes de la 5G sur la santé et l’environnement a été publié fin janvier 2020 ;
- Le constat général est un manque important de données pour établir une véritable évaluation des risques ;
- Certains experts demandent de geler le déploiement de la 5G en Europe le temps de réaliser davantage d’études indépendantes.
5G : plus qu’une révolution domotique, une révolution sociétale
Parler de 5G, c’est parler du futur de nos sociétés connectées et donc de la domotique. Nous l’évoquions à l’occasion du Consummer Electronic Show 2020 – ou CES – comme l’une des tendances du salon, et probablement des années à venir. Pour la tech, la 5G est pleine de promesses. Elle fait rêver. La 5G pourrait bien révolutionner notre manière d’être au monde, métamorphoser nos quotidiens. De la voiture autonome à la téléphonie mobile en passant par la santé connectée ou la maison intelligente, la 5G peut être utilisée partout. Dans le futur, elle nous permettra de concrétiser des idées autrefois réservées à l’imaginaire des auteurs de science-fiction.

Pourtant, avec l’arrivée de la 5G en France, de nombreuses questions se posent et restent en suspens. Celle-ci a été confirmée fin décembre 2019, avec le lancement de la procédure d’attribution de fréquences dans la nouvelle bande 3,5 GHz par l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse – ou Arcep. Mais son déploiement ne sera probablement pas sans conséquence, notamment concernant les implications environnementales et de santé publique.
À l’été 2018, le Gouvernement a présenté sa feuille de route nationale pour accompagner le déploiement et le développement de la 5G. Ainsi, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail – ou Anses – a été saisie pour procéder à une évaluation des risques de la 5G. Ces risques sont principalement liés à l’exposition des personnes aux champs électromagnétiques de la 5G, lesquels permettent un transfert d’un grand nombre de données, et ce de manière ultra rapide.
Le 27 janvier 2020, le rapport préliminaire de l’Anses a donc été publié, et ses conclusions étaient loin d’être rassurantes. Non pas car elles sont alarmistes, mais en raison du manque d’informations évident concernant la 5G et ses effets potentiellement néfastes.
Les technologies de communication sont-elles dangereuses pour la santé ?Plus la fréquence d’une telle technologie est haute, plus le débit est important et donc la communication rapide. Les discussions autour de la dangerosité des ondes pour l’être humain ne sont pas nouvelles, mais leur niveau de pénétration est considérée comme faible. La plus grande crainte mise en avant par la communauté scientifique est aujourd’hui le risque de cancer de la peau. L’une des raisons de ce risque serait la stimulation de la prolifération cellulaire en raison des radiofréquences. Rappelons que les radiofréquences sont reconnues comme potentiellement cancérogènes par l’Organisation mondiale de la santé – ou OMS.
Rapport sur les effets de la 5G : un manque d’informations flagrant

Le rapport préliminaire de l’Anses avance en effet « un manque important voire une absence de données relatives aux effets biologiques et sanitaires potentiels dans les bandes de fréquences considérées. Ceci peut naturellement s’expliquer, tout particulièrement pour la bande de fréquences autour de 3,5 GHz, par le fait qu’en l’absence d’exploitation importante jusqu’à présent de cette bande, aucune recherche spécifique sur les effets potentiels de l’exposition n’a jusqu’alors été menée. » Plus simplement dit : l’évaluation des risques à ce jour est impossible. Pour y remédier, l’Anses en appelle ainsi aux industriels concernés afin que ceux-ci fournissent toutes les informations techniques pertinentes à cet égard. Le but sera grâce à cela d’établir des scénarios d’exposition des populations, explique l’Anses, en collaboration avec l’Agence nationale des fréquences – ou ANFR – pour procéder à une véritable évaluation de l’impact sanitaire éventuel.
La situation est donc préoccupante pour beaucoup. Selon Olivier Merckel, chef d’unité d’évaluation des risques liés aux agents physiques à l’Anses, « aujourd’hui, on ne peut pas encore dire si les Français seront davantage exposés aux champs électromagnétiques. Le niveau d’exposition va beaucoup dépendre de l’usage qui sera fait de la 5G. Tant que le déploiement n’est pas fait, nous pouvons seulement faire des simulations à partir de différents scénarios d’exposition », expliquait-il au journal Le Monde. Il poursuit : « Pour estimer l’exposition, nous avons besoin de savoir quel type d’antennes sera déployé, avec quelle puissance, dans quelle direction, détaille le chercheur. Selon les données des opérateurs, les niveaux seront limités dans l’espace par rapport au réseau actuel mais l’usager sera a priori plus exposé puisque soumis à plus de puissance et plus de débit à travers son smartphone. »

Certains scientifiques ont fait part de leur inquiétude concernant le déploiement de la 5G sans une meilleure compréhension de ses effets, et estiment qu’il serait plus raisonnable pour l’Union européenne de le geler en attendant la réalisation d’études indépendantes sur les risques sanitaires. Le nombre minime d’études concernant les fréquences de la 5G est reconnu par énormément d’experts, même si certains avancent que dans le cas où l’exposition globale demeurerait faible, celle-ci devrait être sans danger pour la santé. Pour beaucoup, en priorisant l’intérêt financier et la culture de la surconsommation, les institutions mettent en danger la santé des citoyens. De plus, à cela s’ajoute la crainte d’une technologie énergivore en totale opposition avec les enjeux de l’urgence climatique actuelle.
Sur RTL, en commentaire de la publication du rapport préliminaire de l’Anses, un expert estime que « les opérateurs ont déjà fait des expérimentations de 5G, ce qui nous permet d’effectuer des simulations. Un des problèmes possibles est la répartition de l’exposition aux ondes : avant, elle était relativement homogène. Mais avec la 5G, des segments de la population risquent d’être plus touchés que d’autres. »
De manière générale, l’on constate que s’agissant des discussions autour des risques de la 5G, beaucoup de questions sont posées, mais peu de véritables réponses font surface. Les premières offres 5G seront lancées en fin d’année 2020, alors que le rapport définitif sera publié au premier trimestre de 2021.
Devrait-on parler de 5G au pluriel ?Comme le souligne l’Anses, la 5G pourra se déployer de deux manières : soit en exploitant les fréquences déjà utilisées par la 2G, la 3G et la 4G, soit en utilisant deux nouvelles bandes de fréquences, la bande 3,5 GHz d’abord, puis la bande 26GHz ensuite. Dans son rapport, l’Anses souligne que « peu de publications ont étudié les effets d’exposition à des fréquences comprises entre 3 et 6 GHz. »