Les utilisateurs d'IPTV tremblent : la France va-t-elle infliger des sanctions ?
Depuis plusieurs années, les offres IPTV illégales séduisent de nombreux Français en quête de contenus télé à petit prix. Mais la donne pourrait désormais changer. À la fin du mois de mai, l’Italie a franchi un cap inédit : des milliers d’usagers ont été directement sanctionnés, et cette offensive relance le débat en France. Avez-vous des raisons de vous inquiéter ?
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IPTV légale ou illégale : comment faire la différence ?

Avant d'entrer dans le vif du sujet, une précision s'impose. Il existe en effet deux types d'abonnements IPTV : l'un, parfaitement légal, l'autre non. C'est évidemment cette seconde catégorie qui fait l'objet d'un débat aujourd'hui.
L’IPTV, ou télévision par Internet, est une technologie qui permet de diffuser des chaînes et des contenus via une connexion web. Elle est utilisée aussi bien par des services légitimes que par des plateformes illégales.
La distinction entre les deux repose principalement sur le respect des droits de diffusion. Les services IPTV légaux, tels que ceux proposés par les opérateurs télécoms (Orange, Free, SFR, Bouygues), ou des plateformes de streaming reconnues (Netflix, Canal+, Molotov TV), disposent des autorisations nécessaires pour diffuser leurs contenus.
Ils proposent des abonnements transparents, avec des conditions générales claires et des modes de paiement sécurisés. À l'inverse, les services IPTV illégaux proposent un accès à un large éventail de chaînes et de contenus sans détenir les droits correspondants.
Ces services sont attractifs en raison de tarifs très bas et de vastes catalogues, incluant des chaînes payantes et des services de VOD pour une somme dérisoire. Cependant, s'abonner à ces services expose les utilisateurs à des risques juridiques et de sécurité, comme le recel de contrefaçon ou l'exposition à des logiciels malveillants.
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Les utilisateurs d'IPTV sanctionnés en Italie

On l'a vu, si certaines offres sont légales, d’autres contournent les droits de diffusion en proposant des abonnements illégaux, souvent bien moins chers. Ces services illégaux fleurissent sur des applications ou via des boîtiers dédiés, attirant de nombreux internautes soucieux de leur budget télécoms.
Mais en Italie, les autorités ont récemment décidé de changer radicalement de méthode. Fin mai, 2 282 utilisateurs ont été condamnés à une amende de 154 euros chacun pour avoir consommé des contenus diffusés illégalement via des services IPTV, notamment des compétitions sportives.
Cette vague de sanctions fait suite à une vaste opération menée par la Guardia di Finanza et appuyée par la loi 93/2023, entrée en vigueur en juillet dernier. Ce texte permet, entre autres, d’identifier les utilisateurs finaux à partir de bases de données, puis de leur envoyer une amende directement à domicile.
La mesure est draconienne : elle ne cible plus seulement les revendeurs ou développeurs de plateformes illégales, mais aussi les simples usagers. En cas de récidive, l’amende peut grimper jusqu’à 5 000 euros. Une approche dissuasive qui pourrait inspirer d’autres pays européens, dont la France.
Dans l'Hexagone, l’IPTV illégale est elle aussi dans le viseur des autorités, mais les sanctions visent encore principalement les diffuseurs et les réseaux criminels organisés.
Plusieurs opérations ont été menées ces dernières années, comme en 2022 où un réseau diffusant illégalement les chaînes Canal+, RMC Sport ou beIN Sports avait été démantelé. Les utilisateurs finaux, en revanche, restent encore largement épargnés.
La loi française ne prévoit pas, à ce jour, d’amendes systématiques pour les consommateurs de contenus piratés, bien que le cadre juridique le permette. L’article L.335-2-1 du Code de la propriété intellectuelle expose l’usager à une peine maximale de 3 ans de prison et 300 000 euros d’amende, mais les poursuites contre les particuliers sont rares.
L’exemple italien risque de relancer le débat. Des représentants de l’industrie audiovisuelle française, régulièrement impactés par ces pratiques, appellent à un durcissement des mesures.
Selon l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (ALPA), près de 5 millions de Français utiliseraient des services de ce type, causant chaque année des pertes estimées à plusieurs centaines de millions d’euros.
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Des outils de traçage déjà existants

Contrairement à une idée reçue, il est techniquement possible d’identifier les utilisateurs d’IPTV illicites. Les services illégaux collectent souvent des données personnelles, comme les adresses IP, les identifiants ou les adresses e-mail.En cas de saisie des serveurs par les autorités, ces données permettent de retrouver les abonnés.
Des systèmes automatisés comme Piracy Shield en Italie permettent même de bloquer en temps réel les flux illégaux, tout en identifiant les adresses IP connectées. La France ne dispose pas encore d’un équivalent opérationnel, mais elle collabore activement avec ses voisins européens sur ces sujets.
Des discussions sont en cours au niveau européen pour harmoniser les outils de lutte contre le piratage, y compris au niveau des usagers finaux.
Par ailleurs, certains fournisseurs d’accès à Internet sont régulièrement sollicités par la justice pour bloquer l’accès à des sites illégaux ou transmettre des données en cas d’enquête. Si les autorités françaises décidaient de suivre la voie italienne, l’infrastructure juridique et technique pourrait être rapidement mobilisée.
Pour l'heure, les utilisateurs français d’IPTV illégale peuvent continuer à dormir sur leurs deux oreilles. Mais cette tranquillité pourrait être de courte durée. L’Italie montre qu’un changement de cap est possible, et rapide à mettre en place.
Si la France décidait de lui emboîter le pas, des campagnes de sanctions pourraient cibler directement les consommateurs, comme ce fut le cas avec Hadopi concernant le téléchargement illégal.
Les sanctions pourraient aller de l’amende administrative à une poursuite pénale en cas de récidive ou de consommation massive. Certains utilisateurs peu prudents laissent traîner leurs adresses e-mail ou utilisent des moyens de paiement traçables, ce qui pourrait faciliter leur identification.
D’autres croient être à l’abri grâce aux VPN, mais même ces outils ne garantissent pas une protection totale en cas de perquisition des serveurs ou de collaboration internationale.