Vacances : est-il encore possible de déconnecter ?
Si la démocratisation des technologies connectées a souvent pour conséquence de nous simplifier la vie, leur omniprésence dans nos quotidiens peut parfois avoir des répercussions néfastes. Au XXIe siècle, comment se déconnecter et réellement prendre des moments de repos ? À l’ère de la domotique, peut-on vraiment vivre sans l’accès direct à un écran et à Internet ?
L’hyperconnexion a-t-elle un impact dans la réalité ?
Pour les personnes qui ont la chance de partir en vacances durant l’été, cette période est bien souvent synonyme de détente. Et, au XXIe siècle, ce repos demande de pouvoir se déconnecter. Pour autant, on le sait désormais, les petits appareils électroniques créent parfois des comportements dangereux et addictifs, et il semble impossible de complètement s’en passer.
Ainsi, durant leurs congés, malgré les bonnes résolutions, les Français restent souvent actifs et ultras connectés. Alors que le besoin de faire des pauses est évident. Vérifier ses mails professionnels, consulter ses notifications sur les réseaux sociaux, partager des statuts sur ses profils : voilà des choses que l’on fait, même en vacances. Ces usages posent une question importante : contrôlons-nous nos objets connectés ou nos objets connectés nous contrôlent-ils ?
Le dernier baromètre « Hyperconnexion : quel impact sur la santé des Français ? » de l’institut de sondage BVA et de la fondation APRIL publiée fin juin 2019 apportait quelques éclairages sur ces comportements. Il exposait notamment :
- Le multiéquipement : avec une hausse de 5 points par rapport à 2018, désormais, un Français sur quatre dispose à la fois d’un smartphone, d’une tablette tactile, d’un ordinateur portable et d’un ordinateur fixe (25 %),
- Le temps devant les écrans : avec une hausse de huit minutes par rapport à 2018, les Français passent désormais quotidiennement 4h30 devant un écran,
- La dépendance : avec six points de plus qu’en 2018, près de trois quarts des personnes sondées disent être dépendantes de leurs équipements connectés (73%), et une personne sur quatre s’estime « totalement dépendante » (23%),
- L’information : selon le baromètre, la connaissance des Français concernant les conséquences négatives de la surexposition aux écrans est meilleure puisque 72 % disent en avoir conscience, soit sept points de plus par rapport à 2018. En parallèle, 50 % des sondés pensent que l’exposition aux écrans n’a pas d’impact sur leur santé en général.
Au-delà de la surexposition aux écrans, on sait aujourd’hui que l’ultra connectivité peut avoir une incidence sur la santé mentale des utilisateurs. L’injonction à la connectivité, la pression sociale, la sollicitation permanente, tout cela peut créer des troubles anxieux chez les personnes, parfois assez graves. Et dans les faits, les Français ont visiblement de plus en plus de mal à faire une pause durant leurs périodes de repos.
Les appareils connectés sont-ils dangereux pour notre santé ?À noter que l’exposition prolongée aux ondes électromagnétiques émises par les connexions en Bluetooth ou WiFi pourrait être potentiellement dangereuse pour la santé des personnes sur le long terme. Si pour l’instant les études ne vont pas forcément en ce sens, le manque de recul laisse planer le doute. On ne peut donc pas éliminer le risque cancérogène avec certitude. C’est pour cette raison que les ondes radio sont désignées comme « peut-être cancérigènes » par l’Organisation mondiale de la santé – ou OMS –, et ce depuis 2011.
Ultra connectivité : des vacances passées à travailler ?
Ainsi, depuis quelque temps, on entend de plus en plus parler de « digital detox ». Plus simplement, il s’agit d’adopter de nouvelles habitudes pour apprendre à ne plus être dépendant des équipements connectés, mais aussi à se conscientiser quant à notre addiction. Certains y ont déjà vu une opportunité commerciale, puisque les cures de désintoxication numérique fleurissent depuis quelques années, à commencer au cœur du temple de la tech, dans la Silicon Valley, en Californie.
Comme l’expliquait à RFI Virginie Boutin, autrice du livre 2h chrono pour déconnecter : « Il faut faire le tri entre ce qui nous est bénéfique dans nos usages du digital et ce qui nous fatigue et nous irrite, ce qui est chronophage et énergivore. Et ensuite, faire le ménage pour ne conserver que les usages bénéfiques, comme garder le contact avec sa famille, et supprimer ou réduire au maximum le reste ».
En théorie, cela peut apparaître comme du bon sens, mais dans la réalité, ces changements impliquent parfois des répercussions négatives sur la vie des gens, surtout professionnelle. En juillet 2019, l’agence d’intérim Qapa.fr publiait un nouveau sondage sur le sujet. Conclusion : 27 % des femmes et 28 % des hommes sondés disaient que la peur d’être licencié les oblige à travailler durant leurs congés. Plus largement, sept Français sur dix affirment ne pas parvenir à déconnecter du travail durant leurs vacances. Cela équivaut à 4,5 millions de personnes. Une disparité de genre est à noter, puisque selon l’étude, 73 % des femmes sont concernées, contre 61 % des hommes. Évidemment, les smartphones sont les premiers responsables de cette difficulté évidente de rupture avec le monde connecté.
Pour les particuliers, il s’agit donc de trouver des solutions adaptées à leur réalité personnelle et professionnelle pour avoir un usage plus raisonnable des objets connectés. Avec les données dont on dispose à ce jour, il paraît important de se méfier de l’opportunisme économique de certaines tendances vendant des programmes détox numérique pas toujours adaptés – et souvent très chers – tout en rappelant que la nécessité de pouvoir se passer de ces appareils est loin d’être un luxe. Pire encore, en 2019, il s’agit là d’un problème sociétal sans solution concrète. Peu à peu, collectivement, la clé pourrait très certainement se trouver dans le changement de nos habitudes quotidiennes, en luttant notamment contre l’automatisme et les diverses situations où l’on se sent « obligé de », alors qu’il n’en est rien.
Selon l’étude de Qapa.fr, 83 % des Français estiment que leur travail est plus présent dans leur vie qu’auparavant.