Tour d’horizon de la HealthTech française : en 2018, on en est où ?
En 2017, les start-ups françaises du secteur de la HealthTech sont parvenues à lever 1,25 milliard d’euros. Cela peut paraître important, et pourtant les entreprises ont encore du mal à trouver des financements. Cela s’ajoute aux problématiques liées au transfert de technologies de la santé en France, lesquelles constituent des défis à relever pour booster un secteur en difficulté.
Le transfert de technologies, qu’est-ce que c’est ?Pour bien comprendre les points évoqués ici, il est important de rappeler ce qu’est le transfert de technologies. Succinctement, il s’agit du tout simplement du processus de transfert d’une technologie ou d’une connaissance d’un acteur à l’autre, en l’occurrence d’une coopération entre la recherche publique et l’entrepreunariat dans le secteur de la santé.
La digitalisation de la santé : des questions éthiques se posent

La démocratisation de la domotique prend une telle ampleur, que des secteurs comme celui de la santé sont obligés de mettre en place des dispositifs permettant d’en observer l’évolution. Il n’y a pas si longtemps, nous nous interrogions sur les potentiels risques d’une utilisation popularisée des objets intelligents liés au bien-être et à la santé. Et cette question est essentielle, car à ce jour, la réglementation permettant la qualification thérapeutique est insuffisante. De nombreuses marques profitent de cela, et markettent leurs objets intelligents autour de propriétés dont parfois ils ne disposent pas, ou qui n’ont pas été prouvées. Les questions éthiques sont régulièrement abordées dans les débats autour de la domotique, puisque des pratiques douteuses ou des plateformes faillibles mettent directement en danger les consommateurs.
Le domaine mêlant la santé et l’innovation technologique est couramment appelé HealthTech. C’est un secteur non négligeable du marché domotique, au cœur duquel tout reste encore à faire. Cependant, les choses bougent. Une étude a été publiée au début du mois de décembre 2018, laquelle vient confirmer cela. Cette enquête se penche sur le transfert de technologies de la santé en France, et les conclusions estiment que ledit transfert est encore trop long. Selon les auteurs de l’étude, il s’agit bien d’une phase cruciale pour permettre le développement et la vitalité économiques du secteur HealthTech.
En France, l’on compte 1 343 entreprises de HealthTech. Cela regroupe de nombreux acteurs du marché, des start-ups de la e-santé aux biotechs. Pour Chloé Evans, cheffe de projet à France Biotech, la progression de ces dix dernières années n’est pas négligeable, portée par une professionnalisation des entreprises. « Près d’un tiers des entreprises ont aujourd’hui plus de 10 ans : l’écosystème a atteint un certain seuil de maturité. Elles ont notamment opéré le passage d’une stratégie monoproduit à une moyenne de 3 produits », précise-t-elle.
France Biotech, dis-moi qui tu esCréée en 1997, cette association française réunissant des entrepreneurs de l’innovation technologique liée à la santé œuvre aux côtés de structures et organismes, afin de les accompagner dans le développement de l’innovation dédiée à la santé. Le 6 décembre 2018, la banque publique d’investissement Bpifrance a par ailleurs lancé le premier observatoire du transfert de technologies aux côtés de France Biotech. Chaque année, une enquête annuelle sera réalisée, et la première édition est celle de 2018. Le but ? Selon Paul-François Fournier, le directeur exécutif Innovation de Bpifrance, celui-ci est simple : analyser et identifier les pratiques, constater des marges de progrès et accompagner les acteurs concernés afin d’ « accélérer et [de] fluidifier le transfert ».
HealthTech : les défis du secteur français

Plusieurs données intéressantes ressortent de l’enquête menée par France Biotech, notamment concernant les raisons d’un renoncement à un accord de transfert de technologies. Selon l’étude, 12 % des entreprises interrogées ont dû renoncer avant la mise en place de l’accord, et pour 44 % d’entre elles cela était lié aux délais très longs, d’une moyenne de 17, 5 mois, comme l’explique Franck Mouthon, administrateur de France Biotech. Plus l’accord est signé rapidement – moins de dix mois –, plus les entreprises expriment une satisfaction. La solution serait donc de réduire les délais, ce qui pour le spécialiste exige dans le même temps plus de transparence, mais aussi l’encadrement et la professionnalisation du transfert de technologies en France.
Améliorer le transfert de technologies reste, semble-t-il, une condition indispensable à la vitalité du secteur, à la dynamisation de la concurrence. Mais la question de la levée de fonds est aussi cruciale. Le Panorama France HealthTech 2018 exécuté par France Biotech, BPI France, Euronext et EY tend à le confirmer. Selon cette étude, 71 % des sociétés de la HealthTech expliquent être en recherches de financements, et 52 % d’entre elles disent rencontrer des problèmes pour lever des fonds. La France a cela dit une place importante, puisqu’elle se classe en deuxième place sur le marché européen, avec 3,5 milliards d’euros levés en 2017. Selon une autre étude publiée la même année au sujet de la French Health Tech, le chiffre d’affaires annuel des entreprises françaises du secteur pourrait atteindre les 40 milliards d’euros, avec 130 000 emplois supplémentaires d’ici à 2030. C’est donc là un marché très dynamique au futur prometteur.
En 2018, les problématiques et enjeux entourant les partenariats entre le secteur public et le secteur privé sont incontournables. Pour Paul-François Fournier, afin de « recréer de l’innovation, il faut se retourner aujourd’hui vers la technologie, car il y a encore beaucoup de valeur à aller chercher dans les laboratoires de la recherche publique. On entre dans une ère où la technologie va reprendre le dessus sur les usages, comme on le voit par exemple avec l’IA ».
L’intelligence artificielle : au cœur du développement de la healthtechDans le Panorama 2018, l’importance de l’intelligence artificielle dans l’avenir du secteur ressort aussi grandement. Selon l’étude, un tiers des sociétés interrogées expliquent avoir utilisé ou utiliser présentement des technologies de big datas ou d’IA dans le cadre de leurs activités. Et les entreprises restantes en envisagent l’utilisation dans le futur. En France, près de 1,5 milliard d’euros devraient être investis dans l’intelligence artificielle d’ici 2022.