Intelligence artificielle : une stratégie européenne pour dominer le secteur

Intelligence artificielle : une stratégie européenne pour dominer le secteur

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L’intelligence artificielle incarne l’avenir de la tech, et de nos sociétés. Elle joue un rôle central pour le développement de la domotique, et vient peu à peu bouleverser nos vies. Alors que les États-Unis et la Chine dominent le secteur, l’Union européenne souhaite elle aussi s’imposer. Pour cela, elle a publié un livre blanc proposant un plan coordonné et stratégique entre les États membres.

  • En bref : Plan de l’Union européenne pour le développement de l’IA
  • Le livre blanc de l’UE sur l’intelligence artificielle a été présenté en février 2020 par Thierry Breton et Margrethe Vestager lors d’un point presse ;
  • Le livre blanc est actuellement en consultation publique, et ce jusqu’au 19 mai 2020 ;
  • Un plan d’action et de nouvelles législations seront proposés d’ici fin 2020 ;
  • Le livre blanc distingue les domaines sur lesquels se concentre la stratégie de l’UE : la recherche, l’investissement, la commercialisation, les compétences, les talents, les données et la coopération internationale ;
  • La Commission européenne souhaite créer un véritable encadrement pour l’IA, placée sous le contrôle des autorités, notamment pour des secteurs sensibles comme la police, la santé et les transports ;
  • Le facteur humain et la transparence sont au cœur du projet de la Commission européenne.

Europe : prochain leader mondial du domaine de l’IA ?

Au mois de février 2020, Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur et Margrethe Vestager, présidente de la Commission européenne et vice-présidente en charge du portefeuille « Une Europe adaptée à l’ère numérique », ont présenté le livre blanc établissant la stratégie de l’Union européenne – ou UE – concernant l’intelligence artificielle – ou IA. Cette dernière a un rôle central pour le monde de la tech, et en particulier dans le domaine de la domotique. Les entreprises qui mènent la recherche et le développement de solutions intelligentes sont au cœur du développement économique de nos sociétés. En tout, le plan propose 70 actions conjointes pour renforcer la coopération entre les États membres.

Pour la Commission européenne, l’IA incarne donc un enjeu majeur. Afin de garantir l’encadrement de son développement, l’UE a opté pour l’établissement de règles à suivre, permettant d’accompagner les entreprises et les gouvernements, d’investir, mais surtout de générer « un véritable espace européen, un marché unique des données . Ce n’est que par la création d’un tel socle commun que l’UE peut envisager de prendre une place de leader dans l’intelligence artificielle, et plus largement sur le marché numérique. Selon Margrethe Vestager, « c’est aussi une question de souveraineté en tant qu’Européens : nous ne souhaitons pas repousser les autres, mais réduire notre dépendance sur des technologies fondamentales. Je ne veux pas que l’UE soit comme la Chine ou les États-Unis, mais qu’elle soit elle-même. »

En tout, six actions cruciales sont mises en avant dans le document de la Comission européenne, que nous reprenons ici :

Comment placer l’Union européenne en tête du marché européen de l’IA ?
  1. En fonction des résultats qui émaneront de la consultation publique au sujet du livre blanc, la Commission établira une révision du plan qu’elle proposera aux États membres, avec une adoption de celui-ci d’ici fin 2020 ;
  2. La Commission s’engage à faciliter la création de centres d’essai et d’excellence, en faisant appel à des investissements européens, publics et privés ;
  3. Le but est de déployer et accompagner des réseaux d’universités et d’établissements d’enseignement supérieur afin d’attirer les professeurs et les chercheurs les plus doués du domaine, mais également de proposer des masters internationaux se concentrant sur l’IA ;
  4. La Commission désire collaborer avec les États membres afin qu’au minimum un pôle d’innovation numérique puisse bénéficier d’un niveau élevé de spécialisation en IA pour chacun d’eux ;
  5. Grâce à son programme de recherche et d’innovation, Horizon Europe, l’Union européenne lancera un partenariat public-privé dans le domaine de l’IA, des données et de la robotique ;
  6. La Commission européenne désire générer des dialogues transparents avec les acteurs du marché afin de créer un programme spécifique concernant l’adoption de l’IA, lequel sera destiné à soutenir les marchés publics consacrés aux systèmes d’IA.

Au cœur du projet européen, il s’agit donc d’œuvrer pour une intelligence artificielle « responsable », sur laquelle les humains gardent le contrôle. « L’intelligence artificielle n’est ni bonne ni mauvaise en soi : tout dépend du pourquoi et du comment elle est utilisée », a rappelé Margrethe Vestager lors de la présentation à la presse du livre blanc.

La question toujours brûlante de la cybersécuritéLa question de la cybersécurité est également au centre du projet européen pour l’intelligence artificielle. En effet, le livre blanc rappelle que « l’utilisation de l’IA dans les produits et services peut donner naissance à des risques que la législation actuelle de l’UE n’aborde pas explicitement ». Cela signifie qu’il faut clairement modifier le concept même de sécurité. L’UE souhaite entre autres toujours s’appuyer sur l’expertise de l’Agence de l’Union européenne pour la cybersécurité – ou ENISA.

Intelligence artificielle : l’Europe s’attaque aux questions épineuses

Plusieurs enjeux centraux ressortent ainsi de la publication de ce livre blanc par l’Union européenne, qui se concentre sur sept domaines clés – recherche, investissement, commercialisation, compétences, talents, données et coopération internationale :

  • Faire de l’Union européenne l’un des leaders mondiaux de l’économie numérique grâce à l’intelligence artificielle via un marché unique de la donnée ;
  • Se focaliser sur le facteur humain du développement de l’IA pour qu’il garde la maîtrise de son innovation ;
  • Obliger à un principe de transparence, en particulier pour des domaines potentiellement risqués : santé, police, transports, etc. ;
  • Créer un système de certification grâce à la mise en place de tests réalisés par les autorités, lesquelles devront approuver la façon dont les données sont utilisées ;
  • Encourager un fort investissement financier, public et privé, dans la recherche et le développement à l’échelle européenne ;
  • Lancer des discussions pour peaufiner le plan coordonné, notamment par un débat autour de l’utilisation de la reconnaissance faciale.
Le monde de l’innovation et de la technologie change la vie des consommateurs au quotidien. Elle remodèle l’organisation même de nos sociétés.

Concernant le dernier point, il est important de développer un peu. Afin de mettre en place des mesures efficaces dans le cadre démocratique, la Commission européenne évoque aussi sa volonté de lancer un débat d’ampleur concernant la reconnaissance faciale et ses utilisations : « La collecte et l’utilisation de données biométriques à des fins d’identification à distance, au moyen, par exemple, du déploiement de la reconnaissance faciale dans des lieux publics, comportent des risques particuliers en termes de droits fondamentaux. L’utilisation de systèmes d’IA pour l’identification biométrique à distance a des incidences sur les droits fondamentaux qui peuvent considérablement varier selon sa finalité, son contexte et sa portée », explique le document.

« Afin de répondre aux éventuelles inquiétudes, du point de vue de la société, quant à l’utilisation de l’IA à de telles fins dans les lieux publics et d’éviter toute fragmentation du marché intérieur, la Commission lancera un vaste débat européen sur les circonstances particulières, le cas échéant, qui pourraient justifier une telle utilisation, ainsi que sur les garanties communes à mettre en place », est-il avancé.

Jusqu’au 19 mai 2020, le livre blanc de la Commission européenne sur l’intelligence artificielle fait l’objet d’une consultation publique – laquelle concerne tant la société civile que les syndicats, les gouvernements et les entreprises privés. Des propositions législatives concrètes devraient arriver dans les mois à venir. La fin de l’exécution du plan, elle, est prévue pour 2027.

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