La toute puissance des géants du web est-elle remise en cause ?

Qui a peur des GAFA ? Visiblement, les Européens ne sont plus les seuls à redouter l’hégémonie des géants du Web. Aux États-Unis, alors que la campagne pour la présidentielle de 2020 est déjà entamée, la sénatrice démocrate Elizabeth Warren a décidé de générer une discussion autour d’une législation plus sévère pour encadrer leur activité.


GAFA et présidence américaine : ouvrir le débat

Comment réguler l’activité des géants du Web ? C’est la question que se pose la sénatrice américaine Elizabeth Warren.

En ce début d’année 2019, les GAFA – Google, Amazon, Facebook et Apple –, aussi connus comme les géants du Web, sont revenus au cœur des discussions. Leur hégémonie au cœur du marché économique sur le territoire nord-américain, et plus largement à l’international soulève de nombreuses questions.

En mars, l’Agence France Presse – ou AFP relayait donc la volonté affichée de l’une des femmes les plus influentes du Parti démocrate américain d’affaiblir le pouvoir des GAFA. Elizabeth Warren, la sénatrice du Massachusetts qui a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 2020 des États-Unis fin décembre 2018 n’a pas mâché ses mots, allant jusqu’à évoquer un éventuel démantèlement.

Pour Elizabeth Warren, ces grandes corporations détiennent trop de pouvoir, et notamment dans les cercles politiques. Aux États-Unis, leur influence est incontestable. La course à la Maison-Blanche, déjà bien entamée avec plus d’une dizaine de candidats démocrates déclarés à ce jour, pourrait donc remettre en cause la place des GAFA dans l’économie nord-américaine durant ses débats, et plus largement leur influence sur la société étasunienne dans son ensemble.

  • En 2017, le chiffre d’affaires des GAFA c’est (source : Statista) :
  • Apple : 229,2 milliards de dollars
  • Amazon : 177,9 milliards de dollars
  • Google/Alphabet : 110,9 milliards de dollars
  • Facebook : 40,7 milliards de dollars

États-Unis : une régulation des GAFA est-elle encore possible ?

C’est dans un long post sur Medium qu’Elizabeth Warren a exprimé ses réflexions autour des GAFA. Si en Europe le Règlement général sur la protection des données – ou RGPD – est parfois fortement critiqué par les plus grands acteurs du monde de la technologie, à l’instar de l’Américain Gary Shapiro, organisateur du Consumer Electronics Show, qui l’envisage comme un frein à l’innovation, il semblerait qu’outre-Atlantique, l’on nous envie un certain encadrement. Bien évidemment, l’enjeu de cette conversation a aussi à voir avec la protection des données personnelles des utilisateurs.

Le problème de l’exploitation des données des consommateurs à des fins mercantiles par des entreprises privées reste le sujet d’un vaste débat, en France comme aux États-Unis. Pour Elizabeth Warren, la remise en cause du monopole des géants du Web incarne aussi la possibilité de relancer l’économie de son pays en créant plus de compétitivité au sein de divers secteurs.

Les États-Unis pourront-ils contrôler légalement les activités des géants du Web ? Et quelles lois peuvent donc être votées pour y parvenir ?

Elle propose notamment, par le biais de la législation, de changer le statut de ces super entreprises lorsqu’elles ont un chiffre d’affaires mondial égal ou supérieur à 25 milliards de dollars. Le but serait de faire d’elles des « plateformes d’utilité » afin d’empêcher d’éventuels conflits d’intérêts. Concrètement, cela interdirait à Amazon d’utiliser son Marketplace pour vendre ses propres produits, ou Apple son App Store, et ainsi de suite. La sanction en cas de non-respect de cette loi serait évidemment financière. La sénatrice propose donc une amende à hauteur de 5 % du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise. De plus, légalement, les GAFA ne pourraient plus vendre les données des utilisateurs à d’autres entreprises privées ni être propriétaires de la plateforme et des différentes entreprises qui y sont rattachées. Le but est clair : décentraliser le pouvoir.

Dans un même sens de contrôle de l’activité des GAFA, Elizabeth Warren suggère aussi la désignation de personnes régulatrices pour surveiller et annuler d’éventuelles acquisitions et fusions qui renforcent l’hégémonie des géants du Web. Enfin, la question des impôts (non)payés par des sociétés comme Apple et Google paraît aussi être essentielle pour une régulation optimale de ces entreprises dont les chiffres d’affaires se comptent en milliards.

En cette année 2019, il semblerait donc que la volonté européenne de concernant les GAFA aient fait son chemin jusqu’aux terres étasuniennes.

Neutralité du Net et GAFA : une différence de philosophie ?En sous-texte des débats autour du pouvoir des entreprises de la Silicon Valley ressurgit la question de la neutralité du Net, qui a animé de nombreuses discussions en 2018. Rien n’aura pu être fait pour stopper la décision d’Ajit Pai, président de la Commission fédérale des communications – ou FCC, d’annihiler ce principe fondateur du Web. C’est en effet avec cette vision égalitariste qu’Internet a grandi, celle d’un accès et d’un traitement égalitaire des données disponibles en ligne. Mais, visiblement, l’appât financier était trop important. Cette situation rejoint le schéma évolutif de certains des GAFA, qui ont sacrifié leur mission de service aux internautes pour grossir toujours plus économiquement.

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