La reconnaissance faciale pour les chiens : une réalité ? 

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Une entreprise chinoise spécialisée dans l’intelligence artificielle a développé une technologie surprenante : une application capable d’identifier nos amis canidés grâce à leur truffe. S’il est facile de voir le potentiel positif d’une telle innovation, beaucoup questionnent les conséquences de son utilisation par le gouvernement chinois.

Quand l’IA s’intéresse aux animaux de compagnie

Jusqu’où ira l’innovation ? C’est la question que l’on peut se poser face à l’une des dernières actualités connectées de ce mois de juillet 2019. La Chine est l’un des pays les plus dynamiques dans le domaine de la domotique. De nombreuses technologies sont développées, y compris, on le sait, dans le cadre de pratiques plus que discutables, comme la surveillance de ses citoyens.

Désormais, il est possible de retrouver son chien perdu grâce à son smartphone.

Megvii Technology Limited, une entreprise importante dans le pays spécialisée dans l’intelligence artificielle – ou IA – a développé une nouvelle application, avec le soutien du géant Alibaba Group. Celle-ci permet la reconnaissance faciale des chiens. Parler de reconnaissance faciale est cependant un peu exagéré ici, puisqu’il s’agit plus exactement de reconnaissance de truffe. Pour cela, l’application prend l’empreinte de la truffe de l’animal grâce à un scan, ce qui permet de l’identifier. Pour profiter des services de l’application de Megvii, l’utilisateur doit donc d’abord scanner le museau de son animal. Ainsi, celui-ci est analysé et enregistré dans la base de données. Il suffit donc d’installer l’application de Megvii sur son smartphone.

Pourquoi développer un tel service ? Tout simplement pour aider les propriétaires de chiens à retrouver leur animal de compagnie. Mais évidemment, l’application étant chinoise, certains suspectent une exploitation bien plus sérieuse et dangereuse de la technologie de Megvii. En effet, dans le pays, l’utilisation de la reconnaissance faciale est largement exploitée dans de nombreux secteurs, notamment par le gouvernement.

Les truffes des chiens : elles sont uniques !Selon Megvii, son intelligence artificielle est précise à 95 %. Les truffes des chiens sont distinctes et leurs diverses caractéristiques permettent de les différencier. C’est sur cela que s’appuie la technologie du géant chinois. Comme cela est détaillé par Abascus News, premier média à avoir évoqué cette actualité, certaines associations de protection animale ont déjà adopté la reconnaissance de truffes pour leur activité et d’autres applications offrent les mêmes fonctionnalités, à l’instar de Finding Rover.

Intelligence artificielle pour les chiens : un nouvel outil de surveillance pour leur maître ?

Suite à l’annonce de la sortie de cette application, de nombreux commentateurs ont ainsi souligné ses aspects potentiellement dangereux si celle-ci était utilisée dans le cadre de la surveillance. Par exemple, il serait facile pour les autorités d’identifier des maîtres ne respectant pas les règles dans l’espace public : l’obligation de la laisse, les excréments non ramassés, et plus largement, ceux qui abandonnent leur chien. Sachant que la société travaille déjà avec le gouvernement chinois sur des technologies de reconnaissance faciale et projette de lui vendre son intelligence artificielle, ces craintes sont loin d’être infondées.

Comment encrader au mieux l’utilisation de la domotique et des nouvelles technologies ?

Depuis mars 2018, le gouvernement chinois utilise pour chacun de ses citoyens un « crédit social », lequel repose essentiellement sur l’innovation technologique. Grâce à la collecte de données – sur les réseaux sociaux, par exemple, ou via les 170 millions caméras de surveillances intelligentes installées partout dans le pays –, l’état peut surveiller activement les personnes. Celles les plus mal notées subissent des conséquences directes, comme un accès limité aux transports en commun.

L’exploitation de l’application de Megvii pourrait donc venir ajouter de nouvelles conditions à ce « crédit social », venant toujours un peu plus réduire la liberté de la population chinoise. Plus que jamais, les enjeux éthiques de la domotique devraient être au centre des conversations.

D’ici 2020, le nombre de caméras de surveillance intelligentes en Chine pourrait atteindre les 450 millions, selon un rapport du cabinet d’études IHS Markit, publié en 2017.

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