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Que fait-on pour mettre fin à la fracture numérique en France ?

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Selon le dernier rapport d'une association de défense des consommateurs, près de 7 millions de personnes en France n’ont pas accès à une qualité minimale de connexion Internet, cela équivaut à un Français sur dix. Malgré de belles ambitions gouvernementales, l’association appelle à des mesures réalistes, concrètes et rapides.

Fracture numérique : un frein à la démocratisation de la domotique ?

La démocratisation de la domotique est une réalité seulement si tout le monde a accès à Internet.

Ces dernières années, la démocratisation de la domotique est très souvent évoquée. Pourtant, un des aspects de cette popularisation des usages connectés est aussi mis de côté : l’accès à Internet. En effet, sommes-nous tous égaux à l’ère de la digitalisation et de la dématérialisation des services ?

L’association de consommateurs a décidé de s’attaquer frontalement à cette question. Le jeudi 21 mars 2019, elle a publié les résultats d’une étude réalisée par son Observatoire de la qualité de l’internet et le constat est sans appel : de nombreuses personnes sont laissées de côté, surtout dans les zones rurales où la qualité du débit Internet est moindre que dans les zones urbaines.

Face à cette situation inégalitaire, à cette fracture numérique, l’association appelle à des prises de décisions menant à des actions concrètes et efficaces.

Fracture numérique : une préoccupation politique et socialeDepuis quelques années, la question de l’accessibilité numérique est au cœur des préoccupations de l’État. L’ex-président François Hollande avait mis en place le Plan France Très Haut Débit – ou plan THD, adopté en février 2013. Son but ? Que le territoire tout entier est accès au très haut débit d’ici 2022. Neuf ans pour faire de la fracture numérique un souvenir. Le président Emmanuel Macron a repris le flambeau, et a affirmé sa volonté qu’en 2020, tout le monde puisse avoir accès au haut débit.

Fracture numérique : Internet pour tous en 2022, une illusion ?

Comment faire pour panser la plaie numérique qui sépare grandes villes et les zones rurales d’ici 2022 ? L’association de défense des consommateurs n’est pas très optimiste quant à la résolution du problème sur les trois prochaines années, mais elle encourage la prise en compte de cette réalité. Comme le rappelle Antoine Autier, le responsable adjoint du service des études, en 2017, environ 20 % de la population française n’avait pas accès au haut débit. Il s’agit des chiffres les plus récents à notre disposition. Et parmi ces 20 %, nombreuses étaient les personnes à n’avoir aucun accès à une connexion de qualité minimale tout court – soit 6,8 millions de personnes pour être exact.

L’étude a passé au peigne fin les connexions Internet de 1703 personnes résidant dans 1400 communes en France, soit plus de 32 millions de données collectées entre le 1er février 2018 et le 28 février 2019. Dans les zones rurales, les sondés ne bénéficient pas de la même qualité de service – et donc de débit. Les communes concentrant moins de 1000 habitants ont, d’après l’étude, un débit moyen de deux à cinq fois moins élevé que celui disponible dans les grandes villes de plus de 30 000 habitants. En matière de haut débit, les débits disponibles dans les communes rurales sont 43 % plus faibles que dans les grandes villes, constate de rapport. Niveau départemental, on constate donc que la Meuse, la Guyane ou même la Lozère sont très en retard.

La base de cette étude a été faite sur les seuils de débit déterminés par le gouvernement français :

  • Débit de qualité minimale : 3 Mb/s,
  • Haut débit : à partir de 8 Mbit/s,
  • Très haut débit : à partir de 30 Mbit/s.

Alors, comment pallier la lenteur du déploiement des réseaux Internet nouvelle génération, à l’instar de la fibre optique ? Une solution concrète proposée par l’association est d’accélérer le processus de modernisation des réseaux en cuivre déjà présents sur le territoire – qui permettent les connexions ADSL/VDSL2 – plutôt que de miser sur le déploiement de la fibre, lequel prend du temps. Pour des personnes qui n’ont même pas accès au minimum qualitatif d’une connexion Internet, la fibre est un mirage lointain – les estimations envisagent sa disponibilité dans 52,7 % de locaux d’ici la fin de l’année 2022. Pour l’association de consommateurs, la priorité est donc d’améliorer les réseaux actuels pour garantir un service Internet qualitatif plus rapidement.

L’association appelle donc à une action gouvernementale et à l’établissement d’une stratégie plus réaliste, pensée aux côtés des fournisseurs d’accès à Internet. Enfin, elle souligne aussi un manque de transparence de l’État concernant les données relatives à la fracture numérique, et demande notamment à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes – ou Arcep – que les informations relatives aux débits théoriques délivrés à l’ensemble des consommateurs deviennent publiques en open data. Cela a pour but d’aider à un meilleur diagnostic de l’état des réseaux de l’Internet fixe en France.

Fracture numérique et fracture sociale : le Défenseur des droits sonne l’alerteLe rapport annuel du Défenseur des droits, aussi publié en mars 2019, prenait aussi en compte la fracture numérique et la dématérialisation des services publics. Il rappelait au passage que les conséquences de celle-ci sont loin d’être négligeables alors que la société et les services passent de plus en plus par Internet. Pour le Défenseur des droits, cela peut aller jusqu’à des situations de non-recours aux droits à cause d’une mauvaise qualité de connexion.

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