Peut-on faire un crédit sans la signature de son conjoint ?

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Faire un crédit sans le consentement de son conjoint est tout à fait possible mais dépend de votre régime matrimonial ! Gestion financière individuelle ou pour concrétisation de projets personnels : les possibilités sont multiples. Quelles sont les conséquences de souscrire un prêt seul(e) en tant que conjoint ? Comment s’articule ce processus dans le cadre du mariage ou du pacs ? Découvrez tout ce que vous devez savoir pour envisager sereinement l’option d’emprunter seul tout en étant marié !

Est-il possible de faire un crédit sans consentement du conjoint ?

💍 Régime matrimonialRégime de communauté universelle de biens : Non ❌
Régime de communauté réduite aux acquêts : Non ❌
Régime de séparation des biens : Oui ✅
📝 PACSOui ✅
💑 Concubinage Oui ✅

💑 Emprunter seul en étant marié : oui c’est possible

Emprunter seul(e) tout en étant marié(e) est tout à fait possible mais dépend de votre régime matrimonial !

Les couples mariés peuvent choisir différents régimes matrimoniaux qui déterminent la manière dont les biens et les dettes sont gérés pendant le mariage et, éventuellement, en cas de séparation ou de décès. Les régimes matrimoniaux courants sont la communauté universelle de biens, la communauté réduite aux acquêts et la séparation de biens.

Le régime de la communauté universelle des biens

Sous le régime de la communauté universelle des biens, il est impossible d’emprunter ou d’acheter seul. L’époux qui contracte seul un emprunt est seul engagé.

Le régime de la communauté universelle est un régime matrimonial que les couples mariés peuvent choisir. Au moment de l’adoption de la communauté universelle, chaque époux dispose d’un patrimoine propre. Dans ce cas, les patrimoines respectifs de chaque époux fusionnent : tous leurs biens font désormais partie du patrimoine commun

Peu importe la façon dont les biens ont été acquis et leur montant, ils appartiendront toujours aux deux époux. Tout est mis en commun : peu importe qui a acheté, qui a reçu, qui a hérité ou au nom de qui le compte en banque ou la facture est établie. Toutes vos dettes sont donc communes !

Les biens qui tombent dans la communauté
  • Les biens propres aux époux avant ou pendant le mariage
  • Les biens hérités ou reçus en donation par un des époux
  • Les dettes de chaque époux, aussi bien celles contractées avant ou pendant le mariage.
Les biens exclus de la communauté
  • Les biens à caractère personnel (vêtements, outils, instruments de travails)
  • Les biens donnés ou légués avec stipulation qu’ils restent propres au bénéficiaire
  • Les droits exclusivement attachés à la personne.

En cas de divorce (donc de dissolution de ce régime), tout sera partagé à moitié. 

En cas de décès, la communauté universelle prend fin. Si le contrat de mariage prévoit une clause “d’attribution intégrale du patrimoine”, l’époux survivant recueille le patrimoine commun. Si le contrat ne prévoit pas de clause d’attribution, les règles sont différentes. En premier lieu, le conjoint survivant récupère immédiatement la moitié des biens du patrimoine commun. Par la suite, l’époux survivant récupère également une part sur l’autre moitié dans la mesure où il fait aussi partie des héritiers du défunt. La succession dépend des règles de succession. 

👉 Sous ce régime matrimonial, il est impossible d’emprunter ou d’acheter seul.

Communauté réduite aux acquêts

Sous le régime de la communauté réduite aux acquêts, il est possible de souscrire un crédit sans signature du conjoint. Si vous vous mariez sans signer de contrat de mariage, vos biens seront automatiquement soumis au régime légale de la communauté réduite aux acquêts. La communauté réduite aux acquêts distingue les biens propres et les biens communs. Ce régime comporte trois patrimoines :

  • le patrimoine commun aux deux époux
  • le patrimoine propre de l’un
  • le patrimoine propre de l’autre.
Les biens communs 
  • L’ensemble des revenus des époux: revenus professionnels, revenus de capitaux et revenus immobiliers.
  • Les acquisitions réalisées pendant le mariage: acquisitions mobilières et immobilières réalisées par les époux pendant le mariage à l’exception d’un achat à nom personnel en remploi de fonds propres.
  • Les biens apportés par un époux dans la communauté.
  • Tout bien dont le caractère n’aura pas été établi.
Les biens propres
  • Les biens personnels: vêtements et effets personnels, les biens et outils destinés à l’exercice de la profession de l’un des époux, les droits de propriété intellectuelle et les droits à la réparation d’un préjudice moral ou corporel.
  • Les biens possédés par l’un des époux avant le mariage.
  • Les biens reçus ou hérités pendant le mariage.
  • Certains biens acquis au cours du mariage.

👉 Sous ce régime matrimonial, l’époux qui contracte seul un emprunt est seul engagé. Les deux seules exceptions à ce principe concernent les crédits contractés pour l’entretien du ménage ou l’éducation des enfants. Dans ce cas, les époux doivent assumer tous les deux la responsabilité commune pour le remboursement du prêt.

Séparation des biens

Pour un couple marié sous le régime de la séparation de biens, les finances des époux sont indépendantes. Chacun peut donc souscrire un crédit sans co emprunteur et sans que l’autre ne soit impacté.

Contrairement aux autres régimes matrimoniaux, la séparation des biens n’entraîne aucun partage des biens accumulés pendant le mariage, à l’exception du partage de la valeur des biens du patrimoine familial.

Chaque époux reste propriétaire des biens qu’il possédait avant le mariage, mais chacun va également conserver la propriété des biens qu’il va acquérir durant le mariage, ainsi que ses revenus professionnels et économiques.

Les époux peuvent néanmoins réaliser ensemble des acquisitions, qui appartiendront en indivision aux deux époux. Par défaut, les acquisitions sont présumées appartenir pour moitié à chaque époux mais il est possible d’acquérir dans des quotités différentes.

👉 Tout comme pour les biens, les dettes qu’un époux à contractées avant le mariage ou durant le mariage lui restent propres. Ainsi, l’un des époux peut contracter seul un emprunt et il est alors le seul engagé. Les seules exceptions concernent les dettes contractées pour les besoins du ménage et pour l’éducation des enfants qui resteront, comme pour le régime de communauté réduite aux acquêts, toujours communes. 

Ainsi , dans le cas d’une séparation de biens, chaque époux peut gérer en autonomie son patrimoine et ses dettes. Il peut notamment vendre ses biens. Le consentement et l’accord du conjoint ne sont pas nécessaires.

📌 Attention

Même si le régime matrimonial spécifie une séparation des dettes, bon nombre d’institutions financières exigent, lorsqu’un conjoint souhaite emprunter de l’argent, que l’autre conjoint se porte caution. Dans ce cas, les avantages de la séparation des dettes disparaissent.

🏡 Je suis pacsé et je souhaite acheter seul : est-ce possible ?

Il est tout à fait possible d’acheter un bien seul en étant pacsé. En effet, dans le cadre du PACS, le régime de base est la séparation de biens. Chaque partenaire reste donc seul propriétaire des biens acquis avant le pacs. Lors de la conclusion du pacs, vous pouvez choisir entre deux régimes patrimoniaux : le régime légal, fondé sur la séparation des patrimoines et le régime d’indivision organisée.

En l’absence de précision, le régime patrimonial auquel vous êtes soumis est celui de la séparation des biens. Il est alors possible d’acheter seul mais vous devez apporter la preuve que vous avez acquis un bien en votre nom propre pour en être seul propriétaire. Si vous n’apportez pas cette preuve, il sera présumé appartenir pour moitié à chacun des partenaires de pacs. 

Pour ce qui est du régime de l’indivision, les biens achetés à partir de la conclusion du pacs appartiennent pour moitié à chaque partenaire. Il est possible de rédiger une convention modificative pour changer de régime patrimonial, avec l’accord de votre partenaire. Certains biens, restent cependant la propriété exclusive de celui qui les acquis comme :

  • les sommes perçues postérieurement à la conclusion du pacte qui n’ont pas servi à l’acquisition d’un bien des biens créées et leurs accessoires
  • des biens à caractère personnel
  • des biens acquis au moyen de sommes appartenant à un partenaire antérieurement à l'enregistrement de la convention
  • des biens acquis au moyen de sommes reçues par donation ou succession.

Pour ce qui est de la demande de prêt immobilier, votre banque s’intéressera toujours à votre capacité à rembourser. Dans le cadre d’un prêt d’une personne pacsée, la banque se penchera donc toujours sur les éléments suivants :

  • La situation professionnelle de chaque partenaire de pacs
  • Votre apport personnel
  • Votre taux d’endettement
  • Les garanties que vous pouvez apporter (caution ou hypothèque).

👩‍❤️‍👨 Quelles sont les responsabilités en matière de dettes entre époux ?

Tout dépend du régime de mariage choisi au moment de votre union. En effet, c’est le contrat de mariage qui régit les obligations des époux.

👉 Bon à savoir :

A défaut, c’est le régime légal qui s’applique: il s’agit du régime de la communauté réduite aux acquêts.

Responsabilité en matière de dettes en fonction du régime matrimonial
💑 Régime matrimonial💰 Responsabilités de dettes💸 Impact sur votre situation
Régime de la communauté réduite aux acquêts Vous n'êtes pas tenu aux dettes contractées par votre mari avant le mariage. Les dettes demeurent personnelles.Les créanciers poursuivent le paiement sur les biens propres et les revenus personnels de votre mari.
Régime de la communauté universelleTous les biens et les dettes deviennent communes, ce qui inclut les dettes contractées par votre mari avant votre mariage.Les créanciers pourront poursuivre le paiement des dettes de votre mari sur l’ensemble des biens de la communauté et vous serez donc tenu(e) aux dettes contractées avant le mariage.
Régime de la séparation des biens Chaque époux est tenu seul des dettes contractées avant ou pendant le mariage.Les seules exceptions concernent les dettes contractées durant le mariage ayant pour objet l’entretien du ménage ou l’éducation des enfants.
PACSChaque partenaire est responsable de ses dettes personnelles. Les dettes contractées par une partenaire ne sont pas automatiquement partagées.Les partenaires peuvent définir contractuellement la gestion financière au sein du PACS avec généralement une indépendance financière maintenue, permettant aux créanciers de poursuivre le paiement des dettes sur les biens personnels de chaque partenaire.
Concubinage Chaque partenaire est responsable de ses propres dettes. Il n’y a pas de responsabilité automatique pour les dettes de l’autre partenaire.Les créanciers poursuivent le paiement des dettes sur les biens personnels de chaque partenaire.

✏️Modèle de lettre de consentement pour un prêt par le conjoint

Lors de la souscription d’un emprunt, il est possible de conférer un mandat à votre conjoint conformément aux dispositions de l’article 218 du code civil. Selon cet article, l’un des époux peut habiliter son conjoint à agir en son nom lors de la signature du contrat de prêt en respectant les prérogatives prévues dans le cadre de leur régime matrimonial.

La lettre de consentement doit contenir les mentions suivantes :

  • État civil complet de l’époux mandant et état civil complet de l’époux mandataire
  • Adresse actuelle des époux
  • Régime matrimonial
  • Indication que le mandat est donné en application de l’article 218 du code civil
  • Montant et durée du prêt
  • Rappel du fait que le mandant accepte les conditions indiquées dans l’offre préalable du crédit (taux d’intérêt et mensualités)
  • Indication de la raison sociale de la banque et coordonnées de l'agence.

Voici un modèle de lettre type de demande de prêt :

[Prénom NOM]
[Adresse]
[Code postal, Ville]
[Numéro de téléphone]
[Adresse email]

[Nom de l’organisme ou du banquier]
[Adresse]
[Code postal, Ville]
[Service de destination]

Le [date], à [ville].

Objet: Mandat pour souscription d’un prêt 

Je soussigné(e) [état civil complet de l’époux mandant] [époux/épouse] de [état civil complet de l’époux mandataire]. Marié(e) sous le régime de [indiquer votre régime matrimonial]. Demeurant avec [mon conjoint/ma conjointe] [indiquer votre domicile].

Déclare par la présente donnée à [mon conjoint/ma conjointe] un mandat spécial et exprès dans les conditions prévues par l’article 218 du code civil pour me représenter en vue de la souscription de l’emprunt nécessaire pour [indiquer la raison spécifique de l’emprunt si emprunt immobilier indiquer l’adresse].

Déclare donner mon accord pour que cet emprunt d’un montant de [x]€ soit souscrit pour une durée de [x] années auprès de la banque [raison sociale de la banque et adresse de l’agence] moyennant les conditions suivantes [conditions indiquée dans l’offre de crédit] indiquées dans l’offre de crédit émise par la banque le [date de l’offre].

Fait à [ville] le [date], 
[Prénom et nom du mandant]
[Signature précédée de la mention manuscrite “lu et approuvé, bon pour pouvoir”]
[Prénom et nom de l’époux mandataire]
[Signature précédée de la mention manuscrite “lu et approuvé, bon pour acceptation de pouvoir”] 

🙄 J’ai fait des crédits sans le dire à mon mari : quelles conséquences ?

Faire des crédits sans le dire à son(sa) conjoint(e) peut avoir des conséquences significatives sur le plan légal.

Dans le cadre d’une union légale, à l’exception du régime matrimonial de séparation des biens et du pacs, la solidarité entre époux est un principe clé : les deux partenaires sont tenus de rembourser conjointement leurs dettes.

Même si l’un des conjoints contracte une dette sans le consentement explicite de l’autre, le principe de solidarité s’applique, sous réserve de certaines limites définies par la loi.

👀 Une exception au principe de solidarité : un conjoint peut agir seul, sans le consentement de l’autre, pour des dépenses courantes liées à l’entretien du ménage ou à l’éducation des enfants. Cependant pour les dépenses “manifestement excessives” et les emprunts, le principe de solidarité s’applique.

Si un conjoint découvre que des crédits ont été contractés sans son consentement, il est possible de se désolidariser des dettes associées sous certaines circonstances :

  • Absence de consentement explicite
  • Fraude ou utilisation abusive de la signature
  • Délai de contestation
  • Récupération des fonds

En cas de dissimulation délibérée de crédit, l’époux non informé peut chercher à prouver la mauvaise foi du tiers et à se désengager de la responsabilité de la dette.

Il est fortement recommandé de consulter un avocat spécialisé en droit de la famille ou en droit matrimonial pour évaluer les options disponibles dans le contexte juridique spécifique et obtenir des conseils adaptés à la situation particulière.

La dissimulation délibérée d’une dette peut entraîner des sanctions. Si un conjoint omet de déclarer une dette ou tente frauduleusement de déclarer une créance pour obtenir un avantage financier, des conséquences peuvent découler de cette faute comme la privation de sa portion dans les biens de la communauté.

🙋‍♀️FAQ : peut-on faire des crédits sans le consentement de son conjoint ?

Je suis pacsé, suis-je responsable des dettes de mon conjoint ?

En principe vous n’êtes pas responsables des dettes de votre conjoint dans le cadre d’un pacs. En effet, le régime de base du pacs est la séparation de biens. Chaque partenaire reste donc seul responsable de ses dettes.

Comment emprunter seul en étant marié ?

Si un couple est marié sous le régime de la séparation des biens, l’un des conjoints a la possibilité de contracter un crédit individuellement, que ce soit un prêt personnel ou un crédit auto, sans que l’autre conjoint ne soit légalement responsable de la dette.

Comment ne pas payer les dettes de son conjoint ?

Tout dépend du régime matrimonial ! Si vous êtes mariés sous un régime communautaire alors vous êtes solidaires des dettes de votre conjoint. En cas de régime séparatise, chaque époux est tenu seul des dettes contractées avant ou pendant le mariage. En cas de régime de la communauté réduite aux acquêts, vous n'assumez pas la responsabilité des dettes contractées avant le mariage, mais vous devenez solidaire de toutes celles contractées à partir du moment de la célébration du mariage.