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Stockage du gaz en France : méthode et niveau actuel 2024

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Contrairement à l’électricité qui ne peut être stockée en grande quantité, le gaz naturel peut se stocker en masse. Cette faculté est utile et permet notamment de combler le décalage existant entre une consommation en gaz fortement saisonnière et un approvisionnement en gaz continu et régulier. En période creuse, les stockages sont remplis. En période de pointe, les stockages sont utilisés afin de satisfaire la demande très importante. Le stockage du gaz est ainsi un élément clé du dispositif d’approvisionnement de gaz français.

Capacités de stockage du gaz naturel en France

Qui stocke le gaz en France ?

En France, deux opérateurs de stockage (Téréga et Storengy) gèrent un stock utile de 11,7 milliards de mètres cubes de gaz naturel (132 TWh), répartis en 16 sites, ce qui représente 26% de la consommation annuelle française. La France fait ainsi partie des pays européens qui disposent du plus grand stock de gaz naturel, en proportion de leur consommation annuelle.

L’importance des capacités de stockage françaises est directement liée à la pauvreté du sol français en gaz naturel. La France ne dispose en effet plus de gisement conventionnel de gaz naturel, contrairement à des pays comme les Pays-Bas ou le Royaume-Uni. Ainsi dépourvue, la France ne peut jouer sur la modulation des capacités de production pour assurer la satisfaction de ses pics de demande de gaz naturel. La France a donc développé d’importantes capacités de stockage.

Opérateur de stockageSociété mèreCapacités de stockage
logo storengylogo engie

5 groupements de stockage, (14 sites) :

  • Sediane B
  • Sediane
  • Centre
  • Serene
  • Saline
logo terégalogo TotalEnergies

1 groupement de stockage regroupant 2 sites :

  • Izaute
  • Lussagnet

Où le gaz en France est-il stocké ?

Répartition des stockages français de gaz naturel

Source : ODRE (Open Data Réseaux Energies).

Où en est le stock de gaz en France aujourd'hui ?

Le suivi des stocks de gaz est un enjeu stratégique majeur, tant pour le chauffage des ménages que la production industrielle. De plus, plus les stocks sont bas, plus le prix du gaz augmente.

Au 30 novembre 2023, les stocks sont remplis de la façon suivante (en fin de journée, PCS, 0°C) :

  • PITS Téréga (Téréga) : 32 846,179 GWh ;
  • PITS Centre (Storengy) : 46 480,335 GWh ;
  • PITS Saline (Storengy) : 11 445,581 GWh ;
  • PITS Serene (Storengy) : 16 306,286 GWh ;
  • PITS Sediane B (Storengy) : 8 884,239 GWh ;
  • PITS Sediane (Storengy) : 13 372,077 GWh.
Qu'est-ce que le PITS ?Le PITS, ou Point d'Interface Transport Stockage, est le point d'enlèvement entre le réseau et un ou plusieurs centres de stockage de gaz.

Source : ODRE (Open Data Réseaux Energies), mise à jour mensuelle.

Le stockage sera-t-il suffisant pour éviter des coupures cet hiver ?

Selon GRT Gaz, le système gazier est plus robuste pour l'hiver 2023-2024.

Si l'hiver 2022-2023 laissait place au doute quant à la capacité à subvenir à la demande de gaz de la population, l'hiver 2023-2024 se veut plus rassurant. Les stocks actuels devraient être suffisants pour répondre à la consommation des particuliers et des entreprises. Même dans un cas de vague de froid, les stocks et la commercialisation du gaz avec les autres pays européens devraient permettre de pallier à des pics de consommation.

De plus, GRT Gaz précise que la disponibilité de gaz sera en assez grande quantité pour assurer des exportations de gaz, même si cela implique une importation continue de GNL (Gaz Naturel Liquéfié).

Le transporteur de gaz invite tout de même de nouveau les consommateurs à être prudents quant à la consommation du gaz et rappelle la présence d'Ecogaz pour maitriser sa consommation et être ainsi alerté des possibles tensions sur le réseau de gaz.

Risques de pénurie de gaz à l'hiver 2022-2023

Si des pénuries ont été craintes pour l'hiver 2022-2023, elles n'ont finalement pas eu lieu.

En octobre 2022, la CRE affirmait que les stockages de gaz français étaient remplis à 99 % et que les fournisseurs de gaz avaient déjà constitué des réserves de 130 TWh de gaz au total, soit un niveau largement au-dessus des moyennes de stockages des années précédentes.

Toutefois, la CRE précisait que ces volumes constituaient 2/3 de la consommation hivernale des particuliers et des PME : autrement dit, le stock présent ne pourrait pas subvenir aux besoins des consommateurs sur l'ensemble de la saison. Ces derniers étaient donc incités à la plus grande économie.

Finalement, grâce à l'effort des consommateurs ainsi que des acteurs du marché du gaz, aucune coupure de gaz n'a eu lieu et les stocks de gaz n'ont pas non plus été vidés.

Pourquoi stocker du gaz ?

Le stockage du gaz en fait une énergie particulièrement intéressante pour réguler le déséquilibre entre une demande saisonnière d'énergie et un approvisionnement continu. Les quantités de gaz consommées en France sont en effet six fois plus importantes en hiver qu’en été, du fait des besoins de chauffage. Au-delà de cette fonction, les stockages de gaz apportent une sécurité supplémentaire, en réduisant la dépendance du pays vis-à-vis des facteurs extérieurs. Le premier conflit entre l’Ukraine et la Russie en 2005 s’était par exemple traduit par une suspension des livraisons de gaz à l’Ukraine, en période de plein hiver. Cet événement a démontré que le développement de capacités de stockage était un impératif afin d’assurer la pérennité des approvisionnements de gaz en toute circonstance.

L’approvisionnement en gaz naturel par des terminaux méthaniers et à partir de gazoducs est largement continu au cours de l’année. Aussi, afin d’assurer la satisfaction de la demande de gaz naturel qui est saisonnière, les expéditeurs de gaz naturel injectent dans le réseau de transport du gaz en provenance des stockages durant les mois d’hiver. A contrario, entre avril et septembre, les stockages de gaz sont remplis.

Comment stocke-t-on du gaz ?

Les techniques de stockage de gaz
 FonctionnementType de soutirageType d’utilisationUtilisé en France ?
Stockage du gaz en cavités salinesCavernes artificielles formées via des couches épaisses de sel gemme.InstantanéRéponse aux pics de demandeOui
Stockage du gaz en nappes aquifèresLe gaz est infiltré dans des cavités pleines d'eau, entourées de parois rocheuses.ContinuUtilisation continue dans le courant de l’hiverOui
Stockage du gaz dans des gisements épuisésIls servent à stocker le gaz de manière similaire aux nappes aquifères.ContinuUtilisation continue dans le courant de l’hiverOui
Stockage du gaz sous forme liquéfiée (GNL)*---Non

Lors de son arrivée sur en France, le GNL est parfois stocké dans des réservoirs cryogéniques situés dans le terminal méthanier. Toutefois, ce type de stockage n’entre pas, en France, dans le calcul des capacités de stockage.

On distingue ensuite deux grands types de stockage du gaz : le stockage aérien et le stockage souterrain.

Le stockage aérien du gaz naturel

Le gaz naturel peut-être stocké à l'état gazeux (pression atmosphérique ambiante) ou stocké à l'état liquéfié (GNL). Cette dernière technique a l'avantage de permettre de réduire considérablement le volume occupé par le gaz naturel. Plusieurs solutions techniques permettent le stockage aérien du gaz naturel, en fonction du volume de gaz à stocker, des cycles de remplissage et de vidage des réservoirs, et des types de traitement nécessaires.

Le butane et le propane sont stockés dans des réservoirs sphériques pour une capacité totale stockée de 500 à 10 000 mètres cubes. Des réservoirs cylindriques horizontaux sont utilisés pour le stockage du gaz naturel à l'état gazeux, pour des volumes d'environ 3 000 mètres cubes.

Pour le stockage du gaz naturel liquéfié, notamment à proximité des terminaux méthaniers et des infrastructures de liquéfaction du gaz naturel, des réservoirs cylindriques verticaux de tous types sont utilisés (paroi simple ou double, enceinte métallique ou en béton, enterrés, semi-enterrés, posés au sol, ou sur pilotis).

Le stockage souterrain du gaz naturel

Des cavités souterraines aux caractéristiques géologiques appropriées permettent, une fois aménagées, d'enfermer de grandes quantités de gaz naturel, avec des investissements relativement limités en comparaison du stockage aérien. Les sites appropriés au stockage souterrain du gaz sont :

  • Le stockage en cavité saline : les formations salifères localisées entre une couche supérieure et une couche inférieure de terrain imperméable. Il suffit alors d'injecter de l'eau pour dissoudre le sel et créer une cavité imperméable.
  • Le stockage en nappe aquifère : des roches poreuses gorgées d'eau et entourées par des roches imperméables.
  • Stockage en gisement déplété : dans un ancien gisement de gaz naturel, aujourd'hui épuisé et reconverti en unité de stockage du gaz.

Rémunération des opérateurs de stockage

Les gestionnaires de terminaux méthaniers et des réseaux de transport et de distribution sont rémunérés par un tarif régulé par les pouvoirs publics, respectivement, l’ATTM, l'ATRT et l'ATRD. Depuis le 31 décembre 2017, le tarif d'Accès des Tiers au Stockage a été mis en place afin d'encadrer les rémunérations et limiter les pertes liées au stockage. En effet, selon les cours du marché, stocker du gaz naturel peut revenir à plus cher que de l'acheter tout au long de l'année, même en période de forte demande. Pour augmenter l'indépendance énergétique du pays, les opérateurs étaient contraints de stocker une partie de leurs importations. Cette méthode a changé avec le tarif ATS de décembre 2017, toujours en place à ce jour.

Le système actuel de financement fonctionne par un principe d'enchères pour les capacités. Ainsi, l'accès au stockage est bien plus transparent qu'auparavant et réduit les risques de favoritisme pour certains acteurs. Le niveau de revenus autorisés des opérateurs de stockage est ainsi encadré par la CRE.