Confinement : quel impact sur l’assurance dommages ?
Quelles sont les premières estimations concernant l’impact financier potentiel de la période de confinement pour les assureurs ?

Confinement : quel impact sur l’assurance dommages ?

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Alors que l’on se déconfine progressivement, les débats continuent autour du rôle des assureurs. Des discussions qui sont désormais alimentées par les chiffres des premières estimations concernant l’impact financier potentiel de la période de confinement pour les assureurs. Le cabinet de conseil en actuariat Addactis a ainsi partagé un premier rapport au sujet des conséquence du Covid-19 sur la sinistralité auto et habitation.

  • En bref : Assurance dommages et confinement : une baisse généralisée des sinistres ?
  • De manière générale, les deux mois de confinement ont eu un impact fort sur l’assurance dommages – auto et habitation ;
  • Le cabinet Addactis a dévoilé ses premières estimations, avec une baisse à charge pour les assureurs autour des 11 % pour l’auto, et un gain entre 4 % à 5 % pour l’habitation ;
  • Cependant, le cabinet se montre prudent. L’année étant encore en cours, il est difficile d’avoir une vision globale de la situation. Et surtout, l’assurance est loin de se limiter à la couverture des particuliers.

Impact du Covid-19 sur le secteur assurantiel : les premières estimations

Les conséquences de la crise sanitaire et économique du Covid-19 sont multiples, et le secteur de l’assurance n’y a pas échappé. Les retombées sont diverses et complexes, et celles-ci poussent les assureurs à se questionner sur leur rôle même au sein de la société. S’il est indispensable pour eux d’agir et d’aider à l’effort national, l’impact économique sur les assureurs pourrait également être significatif : chiffre d’affaires à la baisse, coût des mesures exceptionnelles conséquent, réévaluation du modèle assurantiel, etc.

On le sait, les mesures de quarantaine ont par exemple engendré une baisse de la sinistralité sur les routes. Une baisse d’environ 80 % dans la déclaration de sinistres en raison d’accidents routiers a ainsi été constatée par les observateurs depuis le début du confinement au mois de mars 2020. Cela a poussé certains assureurs comme la Maif à rembourser leurs assurés – 2,8 millions au total. Mais le monde de l’assurance auto n’a pas été le seul à être bouleversé par tout cela, de manière générale, une baisse de la sinistralité de l’assurance dommages – auto et habitation – a été relevée.

Ainsi, le cabinet de conseil en actuariat Addactis a voulu évaluer les conséquences de ces deux mois de confinement sur le territoire français. Le constat serait sans appel : la sinistralité des particuliers dans le domaine de l’assurance dommages serait à la baisse durant les deux mois de quarantaine.

Covid-19 et assurances : des estimations très temporairesL’année étant encore en cours, les estimations d’Addactis restent temporaires. Elles sont « à mettre au regard des lourdes pertes que peut connaître la profession dans d’autres branches d’activité telles que le marché professionnel et entreprise », précise le cabinet. L’impact sur le secteur de l’assurance dans sa globalité est encore difficile à analyser, puisque de nombreuses branches sont touchées.

Assurance dommages et confinement : quelles conséquences ?

Côté auto, selon les estimations d’Addactis, sur ces deux mois, le nombre de kilomètres réalisé par les automobilistes français subirait une baisse de 75 %, soit une baisse générale sur l’année de 12 %, précise le cabinet. Concernant le nombre de victimes corporelles de la route, l’on se situerait autour de 40 % de baisse. Les chiffres d’Addactis rejoignent a priori ceux du ministère de l’Intérieur, précise par ailleurs l’Argus de l’Assurance.

En mars 2020, d’après l’Observatoire interministériel à la sécurité routière – ou ONISR –, « en métropole, 154 personnes sont décédées sur les routes […], soit 101 tués de moins qu’en mars 2019. » En avril 2020, « 103 personnes sont décédées sur les routes […], soit 130 tués de moins qu’en avril 2019. » Malgré la baisse de circulation et des accidents, l’on constate d’une hausse de 16 % des grands excès de vitesse. Enfin, Addactis identifie un impact sur la fréquence en vol/incendie, car « une voiture garée devant une propriété ou dans un garage semble complexifier la tâche du voleur ». De plus, durant la période de confinement, une baisse de près de 35 % des vols ou détériorations de véhicule est envisagée.

En tout, la baisse de charge pour les assureurs auto se situerait à plus de 11 % selon le cabinet, ce qui équivaut à un montant de 1,5 milliard d’euros. Par ailleurs, concernant les récents appels de remboursement des cotisations auto par les associations de consommateurs, la Fédération française de l’assurance – ou FFA – estime à ce stade, il n’est pas possible de « juger de la réalité des accidents automobiles pour 2020. S’il se trouve que les primes perçues ont été supérieures aux sinistres payés, cela se répercutera sur les tarifs de l’année 2021. »

Côté habitation, et selon les estimations de l’observatoire de la délinquance, le confinement aurait provoqué une baisse de pratiquement 80 % des cambriolages durant les premières semaines de quarantaine. « Si l’on suit la moyenne des cinq années précédentes, on estime l’impact à la baisse de la charge “vol” à plus de 10 % », explique ainsi Addactis. Et pour le cabinet, cela est bien loin d’être la seule donnée positive, puisque la présence des gens confinés en permanence à leur domicile aurait « entraîné une baisse de près de la moitié des sinistres dégâts des eaux habituellement constatés, et une baisse conséquente des incendies graves. » Cependant, le nombre d’accidents domestiques aurait tout de même augmenté.

En tout, le gain pour les assureurs habitation se situerait entre 4 % à 5  % selon Addactis, soit un impact de 350 millions d’euros sur l’exercice 2020, précise le cabinet.

Covid-19 : l’impossible évaluation de l’impact global de la crise sur l’assuranceLa grande inconnue à ce jour concerne le comportement des Français post-confinement. Il est difficile d’anticiper ce que la reprise du trafic et des habitudes impliquera pour le mode assurantiel. Cela dépendra de la vigilance de chacun : les choses vont-elles vraiment retourner à la normale, ou bien les particuliers auront-ils des comportements plus prudents afin de continuer la limitation des contacts ?

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